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C.4 Pourquoi le marché est-il dominé par les grandes entreprises ?

Sommaire

"Les faits montrent ... que les économies capitalistes tendent avec le temps et avec quelques interruptions à devenir de plus en plus fortement concentrées." [M.A. Utton, The Political Economy of Big Business, p. 186]

La dynamique du marché "libre" est telle qu’il tend à devenir dominé par quelques sociétés (sur le plan national, et de plus en plus, international), ce qui a pour résultat la concurrence oligopolistique et les bénéfices plus élevés pour les compagnies en question (voir la prochaine section pour les détails et les preuves). Ceci se produit parce que seules les sociétés établies peuvent se permettre les grands investissements de capital d’équipement requis pour se battre, de ce fait réduisant le nombre de concurrents qui peuvent entrer ou survivre dans le marché donné. Ainsi, Proudhon note que la "concurrence tue la concurrence." [System of Economical Contradictions, p. 242]

Ceci "ne signifie pas que de nouvelles marques puissantes nÂ’ont pas Ă©mergĂ© [ après lÂ’Ă©lĂ©vation de grandes entreprises aux Etats-Unis après les annĂ©es 1880 ] ; cela cÂ’est produit, mais sur des marchĂ©s ... qui Ă©taient petits ou inexistants dans les premières annĂ©es de ce siècle." Le dynamique du capitalisme est tel que "lÂ’avantage concurrentiel [ liĂ© Ă  la taille et Ă  la puissance du marchĂ© des grandes entreprises ], une fois crĂ©Ă©, se trouve persister." [Paul Ormerod, The Death of Economics, p. 55]

Pour des personnes avec peu ou pas de capital, entrer dans la concurrence se limite aux nouveaux marchĂ©s avec des coĂ»ts de dĂ©part faible ("En gĂ©nĂ©ral, les industries qui sont gĂ©nĂ©ralement associĂ©es Ă  des productions Ă  Ă©chelle rĂ©duite ... ont des niveaux bas de concentration [Malcolm C. Sawyer, The Economics of Industries and Firms, p. 35]). Malheureusement, cependant, en raison de la dynamique de la concurrence, ces marchĂ©s deviennent habituellement Ă  leur tour dominĂ©s par quelques grandes sociĂ©tĂ©s, pendant que les sociĂ©tĂ©s plus faibles Ă©chouent, celles qui rĂ©ussissent se dĂ©veloppent et les frais financiers augmentent — "Chaque fois que le capital accomplit son cycle, lÂ’individu se dĂ©veloppe plus faiblement proportionnellement Ă  lui." [Josephine Guerts, Anarchy : A Journal of Desire Armed no. 41, p. 48]

Par exemple, entre 1869 et 1955, "Il y avait une croissance marquĂ©e du capitale par personne et par unitĂ© de main-dÂ’oeuvre. Le capital net par personne a montĂ© ... Ă  environ quatre fois son niveau initial ... Ă  un taux de 17% environ par dĂ©cennie." Le taux annuel de formation brute de capital Ă©tait en hausse "de $3,5 milliards dans la pĂ©riode de 1869-1888, de $19 milliards ds 1929 Ă  1955, et de $30 milliards de 1946 Ă  1955. Cette Ă©lĂ©vation Ă  long terme sur environ trois quarts de siècle Ă©tait ainsi dÂ’environ neuf fois le niveau original." [Simon Kuznets, Capital in the American Economy, p. 33 and p. 394, en dollars constant de 1929]. Pour prendre lÂ’industrie sidĂ©rurgique comme illustration : en 1869 le coĂ»t moyen des travaux acier aux Etats-Unis Ă©tait $156.000, mais en 1899 il Ă©tait passĂ© Ă  $967.000 — une augmentation de 520%. De 1901 Ă  1950, lÂ’immobilisation fixe brute a augmentĂ© de $740.201 Ă  $2.829.186 dans lÂ’industrie sidĂ©rurgique dans lÂ’ensemble, avec les capitaux de Bethlehem Steel augmentant de 4.386,5% de 1905 ($29.294) Ă  1950 ($1.314.267). Ces capitaux croissants sont se reflètent dans la taille des usines et dans les niveaux dÂ’administration de la compagnie dans lÂ’ensemble (c.-Ă -d. entre diffĂ©rents implantations).

Avec le rapport croissant du capital Ă  lÂ’ouvrier, le coĂ»t de mettre sur pied une sociĂ©tĂ© concurrente dans un marchĂ© donnĂ© bien dĂ©veloppĂ©, interdit Ă  tous sauf aux autres grandes sociĂ©tĂ©s de le faire (et ici nous ignorons les dĂ©penses de publicitĂ© et autres de distribution, qui augmentent les coĂ»ts de mise en train encore plus - ("Les publicitĂ©s augmentent les besoins de capitaux pour lÂ’entrĂ©e dans lÂ’industrie" — Sawyer, Op. Cit., p. 108). J.S Bain [Barriers in New Competition] a identifiĂ© trois sources principales de barrière dÂ’entrĂ©e : Ă©conomies dÂ’Ă©chelle (c.-Ă -d. les frais financiers accrus et leur nature plus productive) ; diffĂ©rentiation de produit (c.-Ă -d. la publicitĂ©) ; et une catĂ©gorie plus gĂ©nĂ©rale quÂ’il a appelĂ© "lÂ’avantage absolu de coĂ»t."

Cette dernière barrière signifie que de plus, les grandes entreprises peuvent être en mesure de mettre plus que plus petites pour des ressources, des idées, etc. et mettre plus d’argent dans des brevets, dans la recherche et le développement, et les achats. Par conséquent ils peuvent avoir un avantage technologique et matériel par rapport à la petite entreprise. Ils peuvent pratiquer des prix "non rentables" pendant un certain temps (et survivre toujours en raison de leurs ressources) — une activité appelée "prix de prédateurs" — et/ou organiser des campagnes promotionnelles somptueuses pour gagner une plus grand part de marché ou pour conduire des concurrents hors du marché. En outre, il est plus facile pour des grandes compagnies de réunir le capital externe, et le risque est généralement moindre.

En outre, les grandes sociétés peuvent avoir un impact important sur l’innovation et le développement de la technologie — elles peuvent simplement absorber les entreprises plus nouvelles, plus petites, par leur puissance économique, achetant (et contrôlant de ce fait) les nouvelles idées, ce qui est bien de la façon dont les compagnies pétrolières possèdent des brevets sur une grande variété de technologies de source énergétique alternative, qu’elles ne développent pas afin de réduire la concurrence pour leur produit (naturellement, à une date future déterminée elles peuvent les développer quand il devient profitable que elles de faire ainsi). En outre, quand le contrôle sur un marché est bien établi, les oligopoles retardent habituellement l’innovation pour maximiser leur utilisation des usines et des équipement existants ou pour présenter de fausses innovations pour maximiser la différentiation de produit. Si leur contrôle d’un marché est remis en question (habituellement par d’autres grandes sociétés, telles que les oligopoles occidentaux mis en concurrence face aux Japonais dans les années 70 et les années 80), ils peuvent accélérer l’introduction d’une technologie de pointe et habituellement demeurer concurrentiels (dû, principalement, à la taille des ressources disponibles).

Ces barrières fonctionnent sur deux niveaux - les barrières absolues (dÂ’entrĂ©e) et les barrières relatives (de mouvement). Pendant que les entreprises se dĂ©veloppent en taille, la quantitĂ© de capital exigĂ©e pour investir afin de commencer sur leur marchĂ© augmente Ă©galement. Ceci limite lÂ’entrĂ©e des nouveaux capitaux dans le marchĂ© (et limite celui-ci aux sociĂ©tĂ©s avec une base financière et/ou politique substantielle derrière elles) :

"Une fois que les organisations dominantes en sont venu à caractériser la structure d’un secteur industriel, d’immenses barrières à l’entrée se dressent devant les concurrents potentiels. Des investissements énormes dans des usines, de l’équipement, et du personnel sont nécessaires ... Le développement et l’utilisation des ressources productives dans l’organisation prend un temps considérable, en particulier face aux entreprises gigantesques en place ... C’est donc une chose que quelques entreprises émergent dans une industrie qui a été caractérisée par ... des conditions fortement concurrentielles. C’est tout à fait une autre de percer dans une industrie ... [ marqué par la ] puissance oligopolistique du marché." [William Lazonick, Business Organisation and the Myth of the Market Economy, pp. 86-87]

D’ailleurs, dans l’industrie oligopolistique, la grandes taille et les parts de marché des sociétés dominantes signifient que de plus petites sociétés font face aux inconvénients d’expansion qui réduisent la concurrence. Les sociétés dominantes ont beaucoup d’avantages par rapport à leurs plus petits rivaux — le pouvoir d’achat significatif (qui leur donne un meilleur service et des prix inférieurs auprès des fournisseurs aussi bien qu’un meilleur accès aux ressources), l’accès privilégié aux ressources financières, de plus grandes quantités d’éxcédents non distribués destinés à l’investissement de fonds, des économies d’échelle à la fois à l’intérieur et entre les implantations, la pratique de la vente "à perte" et ainsi de suite (et, naturellement, ils peuvent acheter des entreprises plus petites — IBM a payé $3,5 milliards pour Lotus en 1995. C’est environ le PIB annuel entier du Népal, qui a une population de 20 millions d’habitants). La ou les grandes sociétés peuvent également compter sur ses rapports établis avec des clients ou des fournisseurs pour limiter les activités de plus petites sociétés qui essayent de grossir (par exemple, en utilisant leur pouvoir pour empêcher leurs contacts d’acheter les produits de plus petites sociétés).

Il n’est pas surprenant que Proudhon ait dit que "dans la concurrence ... la victoire est assurée aux bataillons les plus lourds." [Op. Cit., p. 260]

En raison de ces barrières à l’entrée et/ou au mouvement, nous voyons le marché divisé en deux secteurs principaux — un secteur oligopolistique et un autre plus concurrentiel. Ces secteurs fonctionnent sur deux niveaux — dans ces marchés (avec quelques sociétés sur un marché donné ayant des parts de marché très grandes, une puissance et des bénéfices exceptionnels) et dans l’économie elle-même (quelques marchés fortement concentrés et dominés par quelques sociétés, d’autres marchés étant plus concurrentiels). Ceci a comme conséquence de plus petites sociétés dans les marchés oligopolistiques poussés par de grandes entreprises sur des marchés plus compétitifs. Être protégé contre les facteurs de concurrence signifie que le "prix du marché" des marchés oligopolistiques n’est pas forcé à la baisse par rapport au prix moyen de production par le marché, mais qu’à la place il tend à se stabiliser autour du prix de production des sociétés les plus petites du secteur industriel (qui n’ont pas accès aux avantages liés à la position dominante sur un marché). Ceci signifie que les sociétés dominantes obtiennent des super-profits alors que les nouveaux capitaux ne sont pas tentés sur ce marché car les retours ne rendraient pas le mouvement valable sauf pour les plus grandes compagnies, qui obtiennent habituellement des retours comparables dans leurs propres marchés oligopolistiques (et en raison de la concentration de la puissance du marché dans des quelques mains, les entrées peuvent potentiellement être désastreuses pour de petites sociétés si les sociétés dominantes perçoivent leur expansion comme une menace).

Ainsi les super-profits des grandes entreprises sont maintenus à cause des avantages qu’elles ont en termes de concentration, à la puissance du marché et à la taille qui réduit la concurrence (voir la section C.5 pour des détails).

Et, nous devons le noter, les processus qui ont vu l’apparition des grandes entreprises nationales sont également à l’oeuvre sur le marché mondial. Comme les grandes entreprises résultaient d’un désir de maximiser les bénéfices et de survivre sur le marché, ainsi "[les] transnationales surgissent parce qu’ils sont des moyens de consolidation ou d’augmentation des profits dans un monde oligopolistique." [Keith Cowling and Roger Sugden, Transnational Monopoly Capitalism, p. 20] Ainsi tandis qu’une image strictement nationale montrera un marché dominé par, par exemple, quatre sociétés, une vue globale nous montre douze sociétés à la place et des puissance du marchés qui semblent beaucoup moins interressantes. Mais comme le marché national voyait une plus grande concentration des sociétés avec le temps, ainsi se passera-t-il la même chose sur les marchés globaux. Avec le temps une structure bien évoluée d’oligopole global apparaîtra, avec une poignée de sociétés dominant la plupart des marchés globaux (avec des chiffres d’affaires plus grands que la plupart des PIB de pays — ce qui est le cas même maintenant. Par exemple, en 1993 Shell a eu un chiffre d’affaire de 100,8 milliards de dollars US, ce qui est davantage que le double du PIB de Nouvelle-Zélande et de trois fois celui du Nigéria, et des ventes totales de 95,2 milliards de dollars US).

Ainsi le très grand dynamisme du capitalisme, les conditions pour la survie sur le marché, ont comme conséquence que le marché en vient à être dominé par des grandes entreprises ("plus la concurrence se développe, plus elle tend à réduire le nombre de concurrents." [P-J Proudhon, Op. Cit., p. 243]). L’ironie est que la concurrence a comme conséquence sa destruction et le remplacement de la coordination du marché avec la répartition des ressources prévues est habituellement une épine dans le pied des défenseurs de capitalisme.

C.4.1 Jusqu'oĂą s'Ă©tendent les grandes entreprises ?

Les effets des grandes entreprises sur les capitaux, les ventes et la distribution des bénéfice sont clairs. Aux Etats-Unis, en 1985, il y avait 14.600 banques de commerce. Les 50 plus grandes possèdait 45,7% de tous les capitaux, les 100 plus grands 57,4%. En 1984 il y avait 272.037 sociétés actives dans le secteur de la fabrication, 710 d’entre elles (0.26%) a tenait 80,2% du total des capitaux. Dans le secteur de service (habituellement tenu par les petites entreprises), 95 sociétés sur un total de 899.369 possédait 28 pour cent des capitaux du secteur. En 1986 dans l’agriculture, 29.000 grandes fermes (seulement 1,3% de toutes les fermes) ont représenté un tiers des ventes totales dans l’agriculture et 46% des profits. En 1987, les 50 sociétés principales représentait 54,4% de toutes les ventes des plus grandes compagnies industrielles du classement Fortune 500. [Richard B. Du Boff, Accumulation and Power, p. 171]

Le processus de domination du marché est reflété par les parts de marché croissante des grandes compagnies. En Grande-Bretagne, les 100 compagnies de fabrication principales ont vu leurs parts de marché passer de 16% en 1909, à 27% de 1949, à 32% de 1958 et à 42% d’ici 1975. En termes de situation nette comptable, les 100 principaux industriels et les compagnies commerciales ont vu leur part de la situation nette comptable s’élever de 47% en 1948 à 64% en 1968 et à 80% en 1976 [RCO Matthews (ed.), Economy and Democracy, p. 239]. D’un point de vue plus large, nous constatons qu’en 1995 environ 50 sociétés produisaient environ 15 pour cent des produits manufacturés dans le monde industrialisé. Il y a environ 150 sociétés dans l’industrie mondiale des véhicules à moteur. Mais les deux plus grandes sociétés, General Motors et Ford, produisent ensemble presque un tiers de tous les véhicules. Les cinq plus grandes sociétés produisent la moitié de toute la production et les dix plus grandes sociétés en produisent les trois quarts. Quatre sociétés d’appareils electroménager fabriquent 98 pour cent des machines à laver fabriquées aux Etats-Unis. Dans l’industrie de conditionnement de la viande aux États-Unis, quatre sociétés représentent plus de 85 pour cent de la production de boeuf, alors que les 1.245 autres sociétés représentent moins de 15 pour cent du marché.

Tandis que la concentration de la puissance économique est la plus évidente dans le secteur de fabrication, elle n’est pas limitée à la fabrication. Nous voyons la concentration croissante dans le secteur de service - les lignes aériennes, les chaînes de prêt-à-manger et l’industrie de divertissement sont justes quelques exemples.

LÂ’autre effet des grandes sociĂ©tĂ©s est que les grandes compagnies tendent Ă  devenir plus diversifiĂ©es Ă  mesure que les niveaux de concentration dans les diffĂ©rentes industries augmentent. CÂ’est parce que pendant quÂ’un marchĂ© donnĂ© devient dominĂ© par de plus grandes compagnies, ces compagnies augmentent dans dÂ’autres marchĂ©s (employant leurs grandes ressources pour ce faire) afin de renforcer leur position dans lÂ’Ă©conomie et rĂ©duire les risques. Ceci peut ĂŞtre vu dans le montage de "filiales" des maisons mères sur beaucoup de diffĂ©rents marchĂ©s, avec quelques produits concurrençant apparemment les uns contre les autres, mais en fait possĂ©dĂ©s par la mĂŞme compagnie !

Les compagnies de tabac sont des maĂ®tres de cette stratĂ©gie de diversification ; la plupart des personnes soutiennent leur industrie toxique sans mĂŞme le savoir ! Vous ne le croyez pas ? Bien, si vous mangez des produits Jell-O, buvez Kool-Aid, utilisĂ© du sirop Log Cabin, mangez du Minute Rice(riz-minute), buvez la bière Miller, avalez de lÂ’Oreos, Ă©talez du Velveeta sur des biscuits Ritz, et trempez le tout dans du cafĂ© de Maxwell, vous soutenez lÂ’industrie du tabac, sans jamais avoir fumĂ© une seule cigarette ! Ironiquement, la raison pour laquelle lÂ’Ă©conomie devient dominĂ©e par de grandes affaires a Ă  faire avec la nature de la concurrence elle-mĂŞme. Afin de survivre (en maximisant les bĂ©nĂ©fices) sur un marchĂ© compĂ©titif, les sociĂ©tĂ©s doivent investir dans les capitaux, annoncer, et ainsi de suite. Ce processus de survie a comme consĂ©quence les barrières aux concurrents potentiels, ce qui a pour rĂ©sultats de plus en plus de marchĂ©s dominĂ©s par quelques grandes sociĂ©tĂ©s. Ce processus dÂ’oligopolisation devient autosuffisant car les oligopoles (dus Ă  leur taille) ont accès Ă  plus de ressources que de plus petites sociĂ©tĂ©s. Ainsi la dynamique du capitalisme concurrentiel se nie elle-mĂŞme dans la forme dÂ’oligopole.

C.4.2 Quels sont les effets des grandes entreprises sur la société ?

Cela n’est pas surprenant, beaucoup d’économistes pro-capitalistes et de défenseurs du capitalisme essayent de diminuer les preuves des tendances à la domination des grandes entreprises dans le capitalisme.

Certains nient que les grandes entreprises soient un problème - si le marché a comme conséquence quelques compagnies le dominant, alors ainsi soit-il (l’école "autrichienne" de droite liberale est au premier rang de ce genre de position - bien qu’il semble quelque peu ironique que les économistes "autrichiens" et autres "avocats du marché" doivent célébrer la suppression de la coordination du marché par la coordination planifiée dans l’économie que la plus grande taille des entreprises met en place). Selon cette perspective, les oligopoles et les cartels habituellement ne survivent pas très longtemps, à moins qu’ils fassent un bon travail au service du client.

Nous en convenons — c’est de concurrence oligopolistique que nous discutons ici. Les grandes entreprises doivent être sensibles à la demande (quand elles ne la manipule pas ou ne la crée pas par la publicité, naturellement), autrement ils perdent des part de marché au profit de leurs rivaux (habituellement d’autres sociétés dominantes sur le même marché, ou de grandes sociétés d’autres pays). Cependant, la réponse "du marché libre" à la réalité de l’oligopole ignore le fait que nous sommes juste des consommateurs et que l’activité économique et les résultats des événements du marché a un effet sur beaucoup de différents aspects de la vie. Ainsi notre argument n’est pas concentré sur le fait que nous payons plus pour quelques produits que nous le devrions sur un marché compétitif — c’est les résultats plus larges de l’oligopole qui nous concernent ici. Si quelques compagnies reçoivent des bénéfices exceptionnels juste parce que leur taille limite la concurrence les effets de ceci seront sentis partout.

Pour commencer, ces bénéfices "excessifs" tendront à finir dans peu de mains, ainsi biaisant la répartition des revenus (et ainsi la puissance et l’influence associées) dans la société. L’experience disponible suggère que "plus d’industries concentrées produisent une part inférieure de salaire pour les ouvriers" dans la valeur ajoutée de l’entreprise. [Keith Cowling, Monopoly Capitalism, p. 106] Les plus grandes sociétés maintiennent seulement 52% de leurs bénéfices, le reste est payé comme dividendes, comparés à 79% pour les plus petits et "ce qui pourrait s’appeler la part des rentiers dans l’excédent des entreprises - dividendes plus intérêts comme pourcentage des profits et intérêts avant impôts - a monté brusquement, de 20-30% dans les années 50 à 60-70% au début des années 90." [Doug Henwood, Wall Street, p. 75, p. 73] Les 10% les plus riches de la population des USA possèdent bien plus de 80% des actions et des obligations possédés par des individus tandis que les 5% principaux actionnaires possèdent 94,5% de tout le stock gardé par des individus. Il n’est pas surprenant que la richesse soit devenue aussi concentrée depuis les années 70 [Ibid., pp. 66-67]. De base, ce détournement du revenu fournit à la classe capitaliste plus de ressources pour combattre dans la lutte des classes mais son impact est beaucoup plus important que ceci.

D’ailleurs, le "niveau de concentration globale aide à indiquer le degré de centralisation de prise de décision dans l’économie et la puissance économique de grandes sociétés." [Malcolm C. Sawyer, Op. Cit., p. 261] Ainsi l’oligopole augmente et centralise ainsi la puissance économique sur les décisions d’investissement et les décisions concerant les endroits qui peuvent être employées pour jouer une région/un pays et/ou une main d’oeuvre contre d’autres pour abaisser les salaires et les conditions pour tous (ou, également probable, l’investissement sera éloigné des pays avec les main-d’oeuvres rebelles ou des gouvernements radicaux, la récession résultante leur enseignant une leçon qui en manquera pas d’intérêts). À mesure que la taille des affaires augmente, la puissance du capital sur le travail augmente également avec la menace de la relocalisation, qui est suffisante pour faire accepter aux ouvriers des réductions de salaires, empirer les conditions, les "économies" et ainsi de suite, la pollution plus grande pour la communauté, le passage de lois pro-capital en ce qui concerne les grèves, les droits des syndicats, etc. (et le contrôle des entreprises accru sur la politique due à la mobilité du capital).

En outre, naturellement, l’oligopole a comme conséquence la puissance politique comme l’importance des entreprises et leurs ressources économiques leur donne la capacité d’influencer le gouvernement pour présenter des politiques favorables — directement, en finançant les partis politiques, ou indirectement par des décisions d’investissement ou pour influencer les médias et en finançant les Think Tanks politiques. La puissance économique s’étend également au marché du travail, où elle peut provoquer la baisse du niveau des offres d’emploi aussi bien que des effets négatifs sur le procédé de travail lui-même. Ceci forme la société dans laquelle nous vivons, les lois auxquelles nous sommes sujets, la "régularité" et l’"uniformité" du "champ de jeu" auquel nous faisons face dans le marché et les idées dominantes dans la société (voir les sections D.2 et D.3).

Ainsi, avec l’augmentation de la taille, vient la puissance croissante, la puissance des oligopoles "d’influencer les conditions dans lesquelles elles choisissent de fonctionner. Non seulement réagissent-elles au niveau des salaires et le rythme de travail, elles agissent également pour les déterminer ... La menace crédible du décalage de la production et de l’investissement servira à maintenir les salaires et à élever le niveau de l’effort [ requis des ouvriers ] ... [ et ] peut également pouvoir gagner la coopération de l’état en fixant l’environnement approprié ... [ pour ] une redistribution des bénéfices " dans la valeur ajoutée et le revenu national. [Keith Cowling and Roger Sugden, Transnational Monopoly Capitalism, p. 99]

Puisque le prix du marché des biens produits par des oligopoles est déterminé plutôt par d’autres effets que les coûts, ceci signifie qu’ils contribuent à l’inflation lorsqu’ils s’adaptent aux coûts croissants ou aux chutes de leurs rentabilité en augmentant les prix. Cependant, ceci ne signifie pas que le capitalisme oligopolistique n’est pas sujet à des récessions. Loin de là. La lutte des classes influencera la part des salaires (et ainsi la part des bénéfices) car les hausses de salaire ne seront pas entièrement compensées par des augmentations de prix — des prix plus élevés signifient une demande plus basse et il y a toujours la menace de la concurrence d’autres oligopoles. En outre, la lutte de classe aura également un impact sur la productivité et la quantité d’excedent dans l’économie dans l’ensemble, ce qui pose des limites importantes à la stabilité du système. Ainsi le capitalisme oligopolistique doit encore faire face aux effets de la résistance sociale à la hiérarchie, à l’exploitation et à l’oppression qui ont affecté le capitalisme plus concurrentiel du passé.

Les effets distributifs de l’oligopole détourne le revenu, ainsi le degré de monopole a un impact important sur le degré d’inégalité dans la distribution aux ménages. L’écoulement de la richesse vers le dessus aide à détourner la production loin des besoins de la classe ouvrière a besoin (en encherissant sur les autres pour les ressources et en ayant des sociétés produisant des marchandises pour des marchés d’élite tandis que d’autres se privent). L’évidence empirique présenté par Keith Cowling "nous amène à la conclusion qu’une redistribution des salaires aux bénéfices aura un impact dépressif sur la consommation" [Op. Cit., p. 51] ce qui peut causer une crise économique. Les bénéfices élevés signifient également que davantage peut être retenu par la société pour l’investissement de fonds (ou payer des directeurs de plus en plus chers ou augmenter les dividendes, naturellement). Quand le capital augmente plus rapidement que le revenu du travail, le surinvestissement devient un problème croissant et une demande globale ne peut pas venir contrecarrer des parts de bénéfice en chute (voir la section C.7 pour plus de déatil au sujet du cycle économique). D’ailleurs, comme le capital social est plus grand, l’oligopole aura également une tendance à approfondir la récession, la faisant durer longtemps et plus dure à récupérer.

Regardant l’oligopole sous l’angle de l’efficacité, l’existence des super-bénéfices des oligopoles signifie que le prix plus élevé dans un marché permet aux sociétés inefficaces de continuer la production. De plus, les petites sociétés peuvent faire des bénéfices (non-oligopolistiques) moyens malgré des coûts plus élevés, des usines peu optimales et ainsi de suite. Ceci a comme conséquence l’utilisation inefficace des ressources car les forces du marché ne peuvent pas travailler pour éliminer les sociétés qui ont des coûts plus élevés que la moyenne (un des dispositifs principaux du capitalisme selon ses défenseurs). Et, naturellement, les bénéfices oligopolistiques détourne l’efficacité allocative car une poignée de sociétés peut surenchérir sur toutes les autres, ce qui signifie que les ressources ne vont pas où elles sont les plus nécessaires mais où la plus grande demande effective se trouve.

De telles grandes ressources disponibles aux compagnies oligopolistiques permet également aux sociétés inefficaces de survivre sur le marché même face à la concurrence d’autres sociétés oligopolistiques. Comme Richard B. Du Boff le précise, l’efficacité peut également "être altérée quand la puissance du marché réduit tellement les pressions de la concurrence que des réformes administratives peuvent être évitées. Un cas notoire était ... U.S. Steel [ formée en 1901 ]. Néanmoins, la compagnie n’était pas en échec commercial, controlait efficacement le marché pendant des décennies, et avait des rendement par actions au-dessus de la normale ... Un autre de ce genre cas était Ford. La compagnie a survécu pendant les années 30 seulement en raison des réserves en espèces mises en réserve durant ses jours de gloire. ’Ford fournit une excellente illustration du fait qu’une entreprise gigantesque peut résister à une quantité étonnante de mauvaise gestion.’" [Accumulation and Power, p. 174]

Les grandes affaires réduisent ainsi l’efficacité dans une économie à beaucoup de niveaux en plus d’avoir l’impact significatif et durable sur la structure sociale, économique et politique de la société.

Les effets de la concentration du capital et de la richesse sur la société sont très importants, ce qui est la raison pour laquelle nous parlons de la tendance du capitalisme d’avoir comme conséquence la formation de grandes entreprises. L’impact de la richesse de quelques-uns sur la vie des autres est indiqué dans la section D de la FAQ. Comme nous le montrerons, en plus d’impliquer l’autorité directe sur des employés, le capitalisme comporte également le contrôle indirect des communautés par la puissance qui provient de la richesse.

Ainsi le capitalisme n’est pas le marché libre décrit par des personnes telles qu’Adam Smith — le niveau de la concentration du capital contredit les principes et les idées de la libre concurrence.

C.4.3 Qu'est-ce que l'existence de grandes entreprises signifie pour la théorie économique et le travail salarié ?

Ici nous indiquons l’impact de grandes entreprises sur la théorie économique elle-même et sur les salaires du travail. Pour citer Michal Kalecki, la concurrence parfaite est "une condition complètement irréaliste" et "quand son statut réel de modèle maniable est oublié, elle devient un mythe dangereux." [cité par Malcolm C. Sawyer, The Economics of Michal Kalecki, p. 8] Malheureusement les sciences économiques capitalistes traditionnelles sont établies sur ce mythe. Ironiquement, c’était dans un "contexte [ de l’apparition de grandes entreprises dans les années 1890 ] que la base des sciences économiques marginalistes, un monde imaginaire de beaucoup de petites sociétés ... a été consolidé dans le secteur des sciences économiques." Ainsi, "Presque depuis sa conception, les postulats théoriques des sciences économiques marginales au sujet de la nature des compagnies [ et des marchés, nous devons l’ajouter ] ont été des déguisements de la réalité." [ Paul Ormerod, Op. Cit., pp 55-56 ]

Que les bases de l’idéologie économique contredisent ainsi la réalité a des conséquences importantes sur la nature "volontaire" du travail salarié. Si le modèle concurrentiel avancé par les sciences économiques néoclassiques se tenait, nous verrions qu’un éventail de types de société (y compris co-operatives, individuelles et ouvriers employant des capitaux) parce qu’il n’y aurait aucune "barrière à l’entrée" liée contrôle des sociétés. Ce n’est pas le cas — les ouvriers employant des capitaux, cela n’existe pas et les sociétés individuelles et les co-operatives sont marginales. La forme dominante de contrôle est la location de travail (esclavage salarié).

Le modèle étant basé sur "la concurrence parfaite," les défenseurs du capitalisme pourraient construire un modèle prétendant que le travail salarié est un choix volontaire — après tout, les ouvriers (sur un tel marché) pourraient louer le capital ou former des co-operatives relativement facilement. Mais la réalité du marché "libre" est telle que ce modèle est n’existe pas — et comme condition de départ, il est sérieusement fallacieux. Si nous tenons compte de la réalité de l’économie capitaliste, nous devons bientôt nous rendre compte que l’oligopole est la forme dominante de marché et que l’économie capitaliste, de par sa nature, limite les options disponibles aux ouvriers — ce qui fait de la notion que le travail salarié est un choix "volontaire" une notion indéfendable.

Si l’économie est ainsi structurée qu’elle tend à rendre l’entrée sur des marchés difficiles et la survie dépendante de l’accumulation du capital, alors ces barrières sont aussi efficaces que des décrets de gouvernement. Si de petites entreprises sont dominées par des oligopoles alors les chances de faillites sont augmentées (et donc laisse de côté des ouvriers avec peu de ressources) et si l’inégalité de revenus est grande, alors les ouvriers auront beaucoup de mal à trouver les garanties pour emprunter du capital et pour commencer leurs propres co-operatives. Ainsi, en observant la réalité du capitalisme (par opposition aux traités d’économies) il est clair que l’existence des d’oligopole aide au maintien du travail salarié en limitant les options disponibles sur "le marché libre" pour les personnes travaillantes.

Comme nous avons noté dans la section C.4, ceux qui ont peu de capital sont cantonnés aux marchés avec de bas coûts d’installation et une concentration basse. Ainsi, affirment les défenseurs du capitalisme, les ouvriers ont toujours un choix. Cependant, ce choix (comme nous l’avons indiqué) est légèrement limité par l’existence des marchés oligopolistiques — si limités, en fait, que moins de 10% de la population active sont des ouvriers indépendants. D’ailleurs, on l’affirme, les avancées technologiques peuvent amener à l’augmentation du nombre de marchés qui exigent peu de mise de départ (le marché de l’informatique est souvent donné comme exemple). Cependant, des prévisions semblables ont été faites, il y a 100 ans, quand le moteur électrique a commencé à remplacer le moteur à vapeur dans les usines. "Les nouvelles technologies [ des années 1870 ] ont pu avoir été compatibles avec de petites unités de production et des opérations décentralisées ... pour autant ... l’espérance n’a pas été accomplie." [Richard B. Du Boff, Op. Cit., p. 65] De l’histoire du capitalisme, nous déduisons que les marchés liés à des nouvelles technologies finiront de la même manière.

La réalité du développement capitaliste est que même si les ouvriers investissaient sur des marchés qui exigeraient peu de mise de départ pour s’installer, la dynamique du système est telle que dans le temps ces marchés deviendront également dominés par quelques grandes sociétés. D’ailleurs, pour survivre dans l’économie oligopolisée, les petites coopératives seront dans l’obligation de louer le travail et autrement agiront comme des capitalistes (voir la section J.5.11). Par conséquent, même si nous ignorons l’intervention massive de l’état qui a créé le capitalisme en premier lieu (voir la section B.3.2), la dynamique du système est telle que des relations de domination et d’oppression seront toujours associées à lui — elles ne peuvent pas "être rejétées" au loin car les actions de concurrence les créent et les imposent de nouveau (voir également les sections J.5.11 et J.5.12 sur la façon dont le capitalisme place des barrières pour les co-operatives et les entreprises individuelles quoiqu’elles soient plus efficaces).

Ainsi les effets de la concentration du capital sur les options qui s’offrent à nous sont très importantes. L’existence de grandes entreprises a un impact direct sur la nature "volontaire" du travail salarié car elles produisent des "barrières très efficaces à l’entrée" pour des modes de production alternatifs. La pression résultante que les grandes entreprises font peser sur de petites sociétés réduit également la viabilité des co-operatives et des entreprises individuelles en tant que co-operatives et non-employeurs de travail salarié, les marginalisant efficacement en tant que solutions alternatives. D’ailleurs, même sur les nouveaux marchés, la dynamique du capitalisme est telle que de nouvelles barrières sont créées sans arrêt, réduisant encore nos options.

De façon générale, la réalité du capitalisme est telle que l’égalité des chances implicite dans les modèles "de la concurrence parfaite" manque. Et sans une telle égalité, on ne peut pas dire que le travail salarié soit un choix "volontaire" entre les options disponibles — les options disponibles ont été détournées si loin que les autres solutions de rechange ont été marginalisées.

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