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J.6 Quelles méthodes d'éducation des enfants les anarchistes préconisent-ils ?

Sommaire

Les anarchistes sont depuis longtemps conscients de l'importance de l'instruction et de l'éducation des enfants. En tant que tel, nous sommes conscients que l'instruction des enfants devraient avoir pour objectif de développer "une individualité émancipé" et non "un esclave du travail patient, un automate professionnel, un citoyen payant ces impôts, ou juste un moraliste" [Emma Goldman, Red Emma Speaks, p. 108]. Dans cette section de FAQ, nous allons discuter des approches anarchistes de l'éducation des enfants en gardant à l'esprit "que c'est à travers l'enfant que le développement de l'homme d'âge mûr, doit aller, et que les idées actuelles... de l'éducation ou de la formation... sont de nature à étouffer la croissance naturelle de l'enfant" [Ibid., P. 107].

Si l'on admet la thèse que la famille autoritaire est un terrain fertile pour les problèmes psychologiques individuels et la réaction politique, il s'ensuit que les anarchistes devraient essayer de développer des moyens d'élever des enfants qui ne les paralyseront pas psychologiquement, mais plutôt leur permettre d'accepter la liberté et la responsabilité tout en développement l'auto-régulation naturelle. Nous allons nous référer à des enfants élevés d'une telle façon comme des "enfants libres".

Les travaux dans ce domaine en sont encore à leurs débuts (sans mauvais jeu de mots). Wilhelm Reich est encore le principal pionnier dans ce domaine (une excellente introduction à ses idées peuvent être trouvées dans le livre de Maurice Brinton "The Irrational in Politics"). Aux enfants de l'avenir, Reich a fait de nombreuses suggestions, sur la base de ses recherches et l'expérience clinique, pour les parents, les psychologues, les éducateurs et il s'efforce de développer des méthodes libertaires dans l'éducation des enfants. (Il n'a pas utilisé le terme «libertaire», mais c'est ce que sont ses méthodes.)

Par conséquent, dans cette section et dans les sections suivantes nous allons résumer les principales idées de Reich ainsi que celles d'autres psychologues et éducateurs libertaires qui ont été influencés par lui, tels que Neill et Alexander Lowen. La section J.6.1 examinera les principes théoriques impliqués dans l'éducation libre des enfants, tandis que les sections suivantes illustreront leur application dans la pratique avec des exemples concrets. Enfin, dans la section J.6.8, nous allons examiner l'approche anarchiste des problèmes de l'adolescence.

Une telle approche de l'éducation des enfants est basée sur l'idée que les enfants "ne constituent la propriété de personne : ils ne sont ni la propriété des parents, ni même de la société. Ils appartiennent seulement à leur propre avenir de liberté" [Michel Bakounine, The Political Philosophy of Bakunin, p. 327]. À ce titre, ce qui se passe pour un enfant quand il grandit de plus en plus pour se former une personne qu'ils deviennent et la société dans laquelle ils vivent. La question clé pour les personnes intéressées à la liberté est de savoir si "l'enfant [doit] être considéré comme une individualité, ou comme un objet devant être moulé selon les caprices et les fantaisies de <u>ceux à ce sujet </u>? " [Emma Goldman, op. Cit., P. 107]. L'éducation Libertaire des enfants est le moyen par lequel l'individualité de l'enfant est respecté et dévellopé.

Ceci est en contraste frappant avec la norme capitaliste (et anarchiste individualiste, il faut le noter) affirmant que les enfants sont la propriété de leurs parents. Si nous acceptons que les enfants sont la propriété de leurs parents, alors nous sommes implicitement à déclarer que des années de formation de l'enfant sont consacrées à l'esclavage, une relation dure qui permettra de promouvoir la liberté et l'individualité de l'enfant ou de l'ensemble de la société. Il n'est pas étonnant que la plupart des anarchistes rejetent de telles affirmations. Au contraire, ils font valoir que les "droits des parents doivent se limiter à aimer leurs enfants et à exercer sur eux... une autorité [qui] ne soit pas contraire à leur moralité, leur développement mental, ou leur liberté pour l'avenir" [Bakounine, op. Cit., P. 327]. Etre la propriété de quelqu'un (c'est-à-dire esclave) va à l'encontre de tous ces éléments et "il s'ensuit que la société, tout l'avenir de qui dépend une éducation adéquate et d'éducation des enfants..., a non seulement le droit mais aussi le devoir de veiller sur eux ... " [Ibid., P. 327]

De ce fait, l'éducation des enfants fait partie de la société, un processus commun par lequel les enfants apprennent ce que signifie être une personne en étant respecté comme une par d'autres. Dans les paroles de Bakounine, la "vraie liberté - c'est la pleine conscience et la réalisation de celle-ci dans chaque individu, avant tout fondé sur un sentiment de dignité de chacun et sur le respect véritable pour la liberté et la dignité de quelqu'un d'autre, c'est-à-dire sur la justice - par exemple la liberté peut se développer chez les enfants que par le développement rationnel de leur esprit, leur caractère et leur volonté" [Op. Cit., P. 327].

Nous tenons à souligner au départ que beaucoup de travail reste à faire dans ce domaine. Par conséquent, nos observations devraient être simplement considérées comme provisoires pour d'autres bases de la réflexion et de la recherche par les personnes concernées avec l'éducation et l'éducation des enfants. Il est, et ne peut pas être, un "livret de régles" pour élever les enfants, parce que suivre une règle inflexible d'un livre c'est ignorer le fait que chaque enfant et son environnement est unique et exige donc des réponses unique de leurs parents. D'où les "principes" libertaire d'éducation des enfants auxquelles nous allons nous référer ne devraient pas être considérées comme des règles, mais plutôt comme des hypothèses expérimentales ayant à être testé par les parents au sein de leur propre situation par l'application de leur intelligence et d'en tirer leurs propres conclusions.

Élever des enfants doit être, comme l'éducation, fondé sur des principes similaires, à savoir "la libre croissance et le développement des forces et des tendances innées de l'enfant. De cette façon, la seule chose que nous pouvons espérer pour la liberté individuelle et éventuellement aussi pour une communauté libre, qui devrait rendre impossible l'ingérence et la contrainte sur la croissance humaine" [Goldman, op. Cit., P. 115]. En effet, l'éducation et l'instruction des enfants ne peut pas être séparé de la vie, elle-même est une sorte d'éducation, et doit partager les mêmes principes et être considéré comme un processus de développement et d'exploration, plutôt que de réprimer l'instinct d'un enfant et inculquer l'obéissance et la discipline" [Martha A. Ackelsberg, Free Women of Spain, p. 132].

En outre, le rôle de l'exemple parental par exemple est très important pour élever des enfants libres. Les enfants apprennent souvent en imitant leurs parents - les enfants font ce que leurs parents font, et non pas ce qu'ils disent. Si le père et la mère sont l'un par rapport à l'autre, à crier, se battre et ainsi de suite, l'enfant va probablement faire de même. Le comportement de l'enfant ne vient pas de rien, c'est un produit de l'environnement, il est élevé dans (en partie par, au moins initialement, la copie des parents). Les enfants ne peuvent seulement qu'être encouragés par l'exemple, pas par des menaces ni des commandements. Comment les actes des parents peuvent ils être comme un obstacle au développement d'un enfant libre. Les parents doivent donc être conscients du fait qu'ils doivent faire plus que simplement de dire la bonne parole, mais aussi d'agir comme des anarchistes dans le but de produire des enfants libres.

La triste vérité est que les gens plus moderne ont perdu l'aptitude à élever des enfants libres, et retrouver cette capacité sera un long processus d'essais et d'erreurs et d'éducation des parents dans lequel il est à espérer que chaque génération successive va apprendre des échecs et succès de leurs prédécesseurs, et ainsi s'améliorer. Dans le meilleur des cas, au cours de quelques générations, le nombre de parents progressifs continuera à croître et à élever toujours des enfants plus libre, qui à son tour, deviendra encore des parents plus progressif eux-mêmes, ainsi changera progressivement la psychologie de masse dans un sens libertaire. Ces changements peuvent se produire très rapidement, comme on peut le voir dans différentes communes dans le monde entier et en particulier dans le secteur des kibboutz d'Israël-Palestine où la société est organisée selon les principes libertaires, et principalement les enfants sont de plus en plus dans leurs foyers. Comme le dit Reich:

"Nous avons appris que, au lieu d'un saut dans la réalité de l'enfance de l'avenir, nous pouvons espérer rien de plus qu'une avancée stable, dans laquelle la santé des nouveaux chevauchera l'ancienne structure malade, avec la nouvelle s'etendant lentement sur l'ancienne" [Children of the Future, pp. 38-39].

Par le biais de la liberté fondée sur l'éducation et de l'instruction des enfants, ainsi que d'autres méthodes de sensibilisation, aussi bien qu'encourager la résistance à l'ordre social existant, les anarchistes espérent préparer le fondement psychologique d'un changement de paradigme social, allant de l'autoritarisme à des institutions et des valeurs libertaire. Et, en effet, une évolution culturelle progressive allant de plus en plus vers la liberté semble exister. Par exemple, comme A.S. Neill l'écrit dans Summerhill, "Il y a une lente tendance à la liberté, sexuelle et autre. Dans mon enfance, une femme portait des bas de baignade et une robe longue. Aujourd'hui, les femmes montrent les jambes et les corps. Les enfants sont de plus en plus en liberté à chaque génération. Aujourd'hui, seuls quelques fous mettent le poivre de Cayenne sur le pouce d'un bébé pour l'arrêter de le sucer. Aujourd'hui, seuls quelques pays battent leurs enfants à l'école" [p. 115].

La plupart des anarchistes croient que, de même que la charité commence chez soi, il en va de même de la révolution anarchiste. Comme certains anarchistes élevent leurs propres enfants dans la société capitaliste et / ou sont impliqués dans la sensibilisation et l'éducation des enfants des autres parents, ils peuvent en partie pratiquer des principes libertaires, même avant la révolution. C'est pourquoi nous pensons qu'il est important de discuter de l'éducation libertaire des enfants en détail.

J.6.1 Quels sont les principes essentiels pour émanciper des enfants libres, et les obstacles principaux pour mettre en application ces principes ?

Nous allons examiner les obstacles en premier. Comme le souligne Reich, le plus important est la formation et le caractère de la plupart des parents, des médecins et des éducateurs. Sur la base de son expérience clinique, Reich a soutenu que pratiquement tous les adultes de notre société ont un certain degré de problèmes psychologiques, qui se manifestent comme une somatique "armure" rigide musculaire : les tensions musculaires chroniques et les spasmes dans les différentes régions du corps. L'une des principales fonctions de cette armure est d'inhiber les sensations agréables de la vie-énergie qui naturellement "flux" ou débite par l'intermédiaire d'un organisme non armé. Reich a postulé qu'il existe une bioénergie basique ("orgone") dans le corps, identique à ce que Freud appelle la "libido", qui, en plus d'animer les tissus et les organes est également l'énergie du sexe et les émotions (il convient de noter que la plupart des anarchistes ne souscrivent pas à l'idée d'"orgone" de Reich - dont l'existence, on peut noter, n'a pas été prouvé. Cependant, l'idée des armures du caractère, par lequel les individus dans une société hiérarchisée créent des murs/défenses psychologiques autour d'eux-mêmes est une chose que la plupart des anarchistes acceptent. Ces murs ont évidemment un effet sur le mental et l'état physique de l'individu, et leur capacité de vivre une vie libre et de vivre avec plaisir). Cela signifie que le plaisir "fluctuant" de cette bioénergie, qui peut être ressenti lorsque l'armure musculaire est détendu, a une qualité érotique ou "libidineuse". Ainsi, un organisme non armé (comme un nouveau-né) a automatiquement des expériences de plaisir à chaque respiration, un plaisir provenant de la perception de la nature des processus bioénergétiques dans le cadre de son corps. Un tel mode d'existence dans le monde rend la vie intrinsèquement une valeur vivante et rend superflu toutes les questions sur son "sens" ou son "objectif" - les questions qui se produisent seulement pour les gens blindés, qui ont perdu le contact avec leur coeur bioénergétique de sensations corporelles (ou c'est déformé, et ainsi c'est modifié à partir d'une source de plaisirs vers une source de souffrance), et donc limite leur capacité à pleinement profiter de la vie.

C'est important pour ceux qui sont impliqués dans l'instruction et l'éducation des enfants, de comprendre comment se développe l'armature du nouveau-né. Reich souligne que sous l'influence d'un compulsif, la morale déniant le plaisir, on apprend aux enfants à inhiber le flux spontané de la vie-énergie dans le corps. De même, ils apprennent à ne pas tenir compte des sensations corporelles. En raison des conflits Oedipiens dans la famille patriarcale (voir ci-dessous), les parents prennent généralement la plus répressive des mesures disciplinaires contre expressions sexuelles de la vie-énergie chez les enfants. Ainsi, tous les sentiments érotiques, y compris les sensations "diffuses" teinté d'erotisme, viennent à être considérés comme "mauvais", "animal", etc, et de sorte que leur perception commence à susciter l'anxiété, ce qui entraîne, entre autres, de mauvais résultats, des tensions musculaires chroniques comme un moyen de couper ou de se défendre contre de telles perceptions et leur cortège d'anxiété. La respiration, par exemple, réduit la quantité d'énergie vitale à la disposition des flux d'entrée dans l'excitation et l'émotion; le resserrement des muscles du plancher pelvien et de l'abdomen réduit les sentiments sexuels, et ainsi de suite. Comme ces tensions deviennent chroniques et inconscientes, s'accumulant couche après couche de l'armure musculaire, la personne est finalement laissé avec un sentiment de vide intérieur ou "deadness" et - pas surprenant - d'un manque de joie dans la vie.

Pour ceux qui ne parviennent pas à construire une armure physique et psychologique stable autour d'eux-mêmes pour supprimer ces sentiments et ces sensations, ils les ont juste tordus et encore et encore avec d'intenses sensations et sentiments désagréables.

Le blindage musculaire a son plus profond effet dans des douleurs de dos et dans divers problèmes de respiration. Reich a constaté que l'homme ou la femme «normale» dans notre société ne peut pas prendre spontanément la compléte, profonde respiration naturelle, qui implique aussi bien la poitrine et l'abdomen. Au lieu de cela, la plupart des gens (sauf lors d'un effort conscient) restreignent leur respiration par le biais d'une tension inconsciente de divers muscles. Depuis que la réponse naturelle à toute restriction dans la capacité de respirer est l'anxiété, les personnes grandissent dans des cultures répressives comme la nôtre sont en proie à une tendance à l'anxiété chronique. Comme moyen de défense contre cette angoisse, ils développent de nouvelles couches de blindage musculaire, ce qui restreint leur capacité à respirer, et ainsi de suite par un cercle vicieux. En d'autres termes, il est littéralement vrai que, comme Max Stirner le dit, on ne peut pas "prendre souffle" dans notre société autoritaire avec cette atmosphère, niant la vie, basée sur des sanctions, des menaces, et la peur.

Bien sûr, le sexe n'est pas la seule expression de vie-énergie que les parents essaient d'étouffer chez les enfants. Il y a aussi, par exemple, des expressions vocales naturelles de l'enfant (cris, hurlements, mugissement, pleurs, etc) et la mobilité naturelle du corps. Comme Reich le note :

"Les petits enfants passent par une phase de développement caractérisé par une forte activité de la musculature vocale. La joie de l'enfant découle de bruits (pleurs, cris, et la formation d'une variété de sons) est considéré par de nombreux parents comme une agressivité pathologique. Les enfants sont averti en conséquence de ne pas crier, d'être "immobile", etc. Les impulsions de l'appareil vocale sont inhibées, sa masse musculaire devient chroniquement contracté, ainsi l'enfant devient calme, le "bien en apparence", et retiré. L'effet de tels mauvais traitements est manifeste dans les troubles alimentaires, l'apathie générale, la pâleur du visage, etc. Les discours et les troubles de la parole retardant le développement sont probablement causé de cette manière. Chez l'adulte, nous voyons les effets de ces mauvais traitements sous forme de spasmes de la gorge. Les constrictions automatique de la glotte et de la musculature profonde de la gorge, à la suite de l'inhibition des impulsions agressives de la tête et du cou, semble particulièrement caractéristique" [Op. Cit., P. 128].
(Et nous devons ajouter, que la suppression de l'envie de bouger que tous les enfants est le plus destructeur pour les 15% des enfants ou des "Hyper-actifs", dont le besoin de bouger est difficile à supprimer.)

"L'expérience clinique nous a appris", conclut Reich, "que les petits enfants doivent être autorisés à « crier eux-mêmes » lorsque le crier est inspiré par le plaisir. C'est peut-être désagréable pour certains parents, mais les questions d'éducation doivent être décidés exclusivement dans l'intérêt de l'enfant, et non pour celui des adultes" [Ibid.].

Outre amortissant le plaisant flux de la vie-énergie dans le corps, l'armature musculaire fonctionne également pour inhiber l'anxiété générée par la présence d'impulsions anti-sociales, cruelles, perverses à l'intérieur de la psyché (pulsions visées par Reich en tant que pulsions "secondaire") -- - Par exemple, de destruction, de sadisme, de cupidité, de faim du pouvoir, de brutalité, des fantasmes de viol, etc. L'ironie du sort, ces pulsions secondaires résultent de la suppression des principales pulsions (par exemple, pour le sexe, l'activité physique, l'expression vocale, etc) et les sensations de plaisir qui leur sont associés. Les pulsions secondaires se développent, parce que, lorsque l'armature musculaire s'installe et qu'une personne perd contact avec sa base bioénergétique et à d'autres demandes émotionnelles, les seules expressions émotionnelles qui puissent s'obtenir de par l'épais dur mur de l'armure sont déformées, dures et / ou mécanique. Ainsi, par exemple, une personne lourdement blindé qui tente d'exprimer son amour peut trouver que l'émotion est déchiqueté par le blindage du mur et débarque dans une forme déformée comme une impulsion faisant du mal à la personne aimée (sadisme) - une impulsion qui provoque l'anxiété et qui doit ensuite être réprimée. En d'autres mots, la moralité compulsive (c'est-à-dire agir selon les règles imposées de l'extérieur) devient nécessaire pour contrôler les pulsions secondaires qui créent eux-mêmes la contrainte. Par ces procédés, l'éducation autoritaire des enfants devient auto-justifiante. Ainsi:

"Les psychanalystes n'ont pas su distinguer entre la nature primaire et les pulsions secondaires perverses, cruelles et ils sont continuellement à annihiler la nature dans le nouveau-né lorsqu'ils essaient d'éteindre le « petit animal brutal ». Ils sont complètement ignorants du fait que c'est exactement ce meurtre du principe naturel qui crée la nature secondaire perverse et cruelle, la nature dite humaine, et que ces créations culturelles artificielles à leur tour font du moralisme compulsif et des lois brutales nécessaires" [Ibid. , P. 17-18].

Le moralisme, toutefois, ne peut jamais obtenir la racine du problème des pulsions secondaires, mais en fait, ne fait qu'accroître la pression de la criminalité et de la culpabilité. La véritable solution est de laisser les enfants développer ce que Reich appelle l'auto-régulation naturelle. Cela peut être fait seulement en ne les soumettant pas à la punition, à la contrainte, aux menaces, aux lectures moralistes et aux remontrances, aux retraits d'amour, etc. dans une tentative visant à entraver les expressions spontanées de pulsions de la vie naturelle. Le développement systématique des tendances énergique du jeune enfant est la meilleure façon de «socialiser» et de restreindre les activités qui sont nuisibles aux autres. Comme A.S. Neill le fait remarquer, l'"auto-régulation implique une croyance en la bonté de la nature humaine, une conviction qu'il n'y a pas, et n'y a jamais eus, de péché originel" [Op. Cit., P. 103].

Selon Neill, les enfants qui ont la liberté à la naissance et non forcés de se conformer aux attentes des parents apprennent spontanément à se maintenir propres et développent des qualités sociales comme la courtoisie, le sens commun, un intérêt dans l'apprentissage, le respect des droits des autres, et ainsi de suite (voir la section suivante). Cependant, une fois que l'enfant a été blindé par des méthodes autoritaires ayant pour but de l'obliger à développer de telles qualités, il devient ce que Reich appelle « biopathique » - qui n'est pas en contact avec sa vie de base et n'est donc plus en mesure de développer l'auto-régulation. À ce stade, il devient de plus en plus difficile pour les pro- émotions sociales à façonner le mode de développement de la vie du nouveau membre de la société. À ce moment-là, lorsque la pulsion secondaire se développe, l'autoritarisme parental devient une nécessité. Comme le dit Reich:

"Cette étroite interdépendance entre comportement biopathique et contre-mesures autoritaire semble être automatique. L'auto-régulation semble n'avoir aucune place dans et aucune influence sur les émotions qui ne proviennent pas directement de la base du vivant, mais seulement comme si ça traversait un épais mur dur. En outre, on a l'impression que les pulsions secondaires ne peuvent pas auto-réguler les conditions d'existence. Ils forcent à une forte discipline de la part de l'éducateur ou des parents. C'est comme si un enfant avec une pulsion secondaire essentiellement structuré estime qu'il ne peut pas fonctionner ou exister sans orientation disciplinaire. C'est en parallèle par l'entrelacement de l'auto-régulation dans la santé de l'enfant avec l'auto-régulation dans l'environnement. Ici, l'enfant ne peut pas fonctionner si il n'a pas la liberté de décision et de mouvement. Il ne peut pas tolérer la discipline, pas plus que l'enfant blindé ne peut tolérer la liberté".

Cette incapacité à tolérer la liberté, que la grande majorité de la population développe automatiquement de par la façon dont ils sont élevés, est ce qui rend l'ensemble de la question de la cuirasse et de sa prévention d'une importance cruciale pour les anarchistes. Reich conclut que si les parents ne répriment pas la nature en premier lieu, aucunes pulsions anti-sociale ne seront créés et l'autoritarisme ne sera pas nécessaire pour les supprimer :
"Ce que vous essayez si désespérément et vainement de réaliser par voie de contrainte et de mise en garde est ce qu'il y a dans le nouveau-né prêt à vivre et à fonctionner. Permettez lui de croître comme la nature l'exige, et changer nos institutions en conséquence" [Ibid., p. 47, souligné dans l'original].

Comme le souligne Alexander Lowen dans "la peur de la vie", les parents sont particulièrement soucieux de réprimer l'expression sexuelle de la vie-énergie de leurs enfants en raison de conflits non résolus Oedipiens en eux-mêmes.

Par conséquent, afin d'élever des enfants sains psychologiquement, les parents ont besoin d'acquérir la connaissance de soi, en particulier de la manière dont les conflits Oedipiens, la rivalité frère ou sœur, et d'autres conflits internes se développent dans les relations familiales, et de se libérer autant que possible des formes névrotiques de blindage. La difficulté pour les parents d'acquerir une telle connaissance de soi et d'un suffisant dé-conditionnement pour eux-mêmes est de toute évidence un autre obstacle pour l'élevation des enfants auto-régulés.

Toutefois, le plus grand obstacle est le fait que les armatures et autres mécanismes en torsion, se mettent en place très tôt dans la vie, c'est-à-dire peu après la naissance. Reich souligne que, avec les premièrs blocages d'armure, les pouvoirs de l'auto-régulation de l'enfant commencent à faiblir. "Ils deviennent progressivement plus faible dés que le blindage se propage sur l'organisme entier, et ils doivent être remplacés par des principes moraux, compulsifs si l'enfant veut exister et survivre dans son environnement donné" [Ibid., Pp. 44-45]. Il est donc important pour les parents obtiennent une connaissance approfondie de ce que l'armature et autres suppressions rigides sont et comment ils fonctionnent, de sorte que dès le début ils peuvent les empêcher (ou du moins les réduire) dans la formation de leurs enfants. Quelques exemples de la façon dont cela peut être fait sera discuté dans la section suivante.

Enfin, Reich met en garde qu'il est essentiel d'éviter tout mélange de concepts :
"On ne peut pas mélanger un peu d'auto-régulation, avec un peu de demande morale. Soit nous sommes convaincus en la nature comme fondamentalement décente et auto-régulé ou nous ne le sommes pas, et alors il y a une seule façon, de la formation par la contrainte. Il est essentiel de saisir le fait que les deux moyens d'éducation ne vont pas ensemble" [Ibid., P. 46].

J.6.2. Y a t il quelques exemples des méthodes d'éducation libertaire d'enfants appliquées au soin des enfants nouveau-nés en bas âge ?

Selon Reich, les problèmes de l'éducation d'un enfant libre commence avant la conception, à la nécessité d'une prospective à la liberté de la mère elle-même, autant que possible, de tensions musculaires chroniques, en particulier dans la région pelvienne, qui peut entraver le développement optimal d'un fœtus. Comme le souligne Reich, le corps de la mère fournit l'environnement de l'enfant à partir du moment où l'embryon est formé jusqu'au moment de la naissance, et la forte armature musculaire dans son bassin à la suite de la répression sexuelle ou autres problèmes émotionnels est très préjudiciable. Cette mère aura une bioenergetique "morte" et peut-être un utérus spastique, qui traumatisera un enfant avant même sa naissance par la réduction de la circulation du sang et des fluides corporels et faisant le métabolisme énergétique inefficace, endommageant ainsi la vitalité de l'enfant.

En outre, il a été constaté dans de nombreuses études que non seulement la santé physique de la mère peut influer sur le fœtus. Divers stress psychologique influence la chimie et l'environnement hormonal, qui affectent le fœtus. Même de brefs stress, lorsqu'ils sont aiguë, peuvent avoir des effets importants sur celui-ci.

Immédiatement après la naissance, il est important pour la mère d'établir le contact avec son enfant. Cela signifie, essentiellement, une attention aimante constante pour l'enfant, exprimée par beaucoup de tenue, câlins, jeux, etc, et en particulier par l'allaitement. Par de tels contacts «orgonotique» (pour utiliser le terme de Reich), la mère est en mesure d'établir la première liaison affective avec le nouveau-né, et une compréhension non-verbale des besoins de l'enfant. Ce n'est toutefois possible que, si elle est en contact avec ses propres processus internes - affectif et cognitif - et bioénergétiques de base, c'est-à-dire qu'elle ne soit pas trop Neurologiquement blindé (dans la terminologie de Reich). Ainsi:

"Le sens du contact orgonotique, une fonction du... domaine d'énergie à la fois de la mère et de l'enfant, est inconnu de la plupart des spécialistes, mais l'ancien médecin de campagne, il savait bien que.... le contact Orgonotique est l'élement affectif et d'expérience le plus essentiel dans la relation entre la mère et l'enfant, en particulier avant la naissance et pendant les premiers jours et les semaines de la vie. Le sort futur de l'enfant en dépend. Il semble être à la base du développement affectif du nouveau-né" [Ibid. p. 99].

C'est moins crucial, mais toujours important pour le père d'établir un contact orgonotic ainsi, bien que depuis les pères n'ont pas le principal moyen de l'établir - à savoir la capacité à allaiter - leur contact ne peut jamais être aussi proche que celui de la mère (voir ci-dessous ).

Un nouveau-né n'a qu'une seule manière d'exprimer ses besoins : par le biais des pleurs. Les pleurs ont beaucoup de nuances et peuvent transmettre beaucoup plus que le niveau de détresse de l'enfant. Si une mère est incapable d'établir des contacts au niveau émotionnel le plus basique ( "bioénergétiques", selon Reich), elle sera incapable de comprendre intuitivement ce que l'enfant exprime à travers ses pleurs. Tout besoin non satisfait, à son tour, sera ressenti par l'enfant comme une privation, à laquelle il répond avec un large éventail d'émotions négatives et des processus physiologiques néfastes et des tensions émotionnelles. Si elle se poursuit pendant longtemps, ces tensions peuvent devenir chroniques et donc du début du "blindage" et l'adaptation à une «cruelle» réalité.

Le facteur le plus important dans la mise en place des liens est le contact physique entre la mère et l'enfant est sans doute l'allaitement. Ainsi :

"Le plus marquant lieu de contact dans le corps du nourrisson est la bouche et la gorge bioenergetiquement très chargé. Ces organes atteignent immédiatement de la gratification. Si le mamelon de la mère réagit aux mouvements de succion de l'enfant d'une manière biophysique normale avec des sensations de plaisir, Il deviendra fortement dressé et l'excitation orgonotique du mamelon deviendra un avec celle de la bouche du nourrisson, tout comme dans l'acte sexuel orastically[NDT: traduction à définir] encourageant , dans lequel les organes génitaux de l'homme et de la femme s'illuminent et fusionnent orgonotiquement. Il n'y a rien "d'anormal" ou de "dégoûtant" dans cela. Chaque mère en bonne santé fait l'expérience de la succion comme un plaisir et y céde... Toutefois, environ 80 pour cent des femmes souffrent de l'anesthésie vaginale et de frigidité. les mamelons sont d'autant anorgonotique, c'est-à-dire "mort". La mère peut développer de l'anxiété ou du dégoût, en réponse à ce qui serait naturellement une sensation de plaisir suscité dans le sein par la succion du bébé. C'est la raison pour laquelle tant de mères ne veulent pas allaiter leurs bébés" [pp. 115-116].

Reich et d'autres psychologues libertaires soutiennent que la pratique de l'allaitement au biberon est nuisible, en particulier si elle remplace complètement l'allaitement maternel à partir de la date de naissance, car il élimine l'une des formes les plus importantes de la création du contact bioénergétique entre la mère et l'enfant. Cette absence de contact peut alors contribuer dans la vie plus tard à des formes "oral" de la structure ou de traits de caractère névrotique (Pour plus d'informations sur ceux-ci, lire Alexander Lowen, "Physical Dynamics of Character Structure", chapitre 9, "The Oral Character"]. Lowen estime que la pratique de l'allaitement maternel doit être poursuivi pendant environ trois ans, comme c'est généralement le cas chez les peuples "primitifs", et que le sevrage avant ce moment est vécu comme un traumatisme. "si le sein est à la disposition d'un enfant pendant trois ans, qui je crois être le temps nécessaire à l'accomplissement des besoins oraux d'un enfant, le sevrage cause très peu de traumatisme, puisque la perte de ce plaisir est compensée par les nombreux autres plaisirs que l'enfant peut alors avoir" [Depression and the Body, p. 133].

Une autre pratique néfaste en puériculture est la méthode névrotique-compulsive d'alimentation des enfants selon le calendrier, inventé par Pirquet à Vienne, qui "a devasté et été préjudiciable pour d'innombrables enfants". La frustration des besoins oraux par le biais de cette pratique (qui est heureusement moins en vogue aujourd'hui qu'elle ne l'était il ya cinquante ans), est garanti pour produire un blindage névrotique chez les nourrissons.

Comme le dit Reich, « Aussi longtemps que les parents, les médecins, les éducateurs approchent les nourrissons avec des comportements faux et inflexible, la rigidité des opinions, la condescendance, et le zéle, au lieu d'un contact orgonique, les enfants continueront d'être calmes, retirés, apathiques, 'autistes', 'Propres', et, plus tard, de "petits animaux sauvages", à qui les cultivés ont l'impression d'avoir à "apprivoiser" » [Op. Cit. p. 124].

Une autre pratique nuisible est de permettre au bébé de "pleurer sur lui-même". Ainsi : "Mettre un bébé dans un landau dans le jardin, parfois pendant des heures, est une pratique dangereuse. Nul ne peut savoir les sentiments d'agonie, de peur et de solitude qu'un enfant peut faire lors d'une expérience d'un réveil soudain en se trouvant seul dans un lieu étrange. Ceux qui ont entendu les cris d'un bébé dans cette occasion ont l'idée de la cruauté de cette coutume stupide" [Neill, Summerhill, p. 336]. En effet, dans "The Physical Dynamics of Character Structure", Lowen a tracé des névroses spécifiques, en particulier la dépression, venant de cette pratique. Les hôpitaux ont également été reconnus coupables de dommages psychologiques des enfants malades en les isolant de leur mère, une pratique qui a sans doute produit un nombre incalculable de nevrosés et de psychopathes.

En outre, comme Reich le note, "l'habitude sadique de la circoncision sera bientôt reconnue comme l'absurde cruauté fanatique qu'elle est vraiment" [Op. Cit., P. 68]. Il remarque qu'il a observé les bébés qui ont mis plus de deux semaines à "récupérer" du traumatisme de la circoncision, une «récupération» qui a laissé des cicatrices psychologiques permanentes sous forme de tensions musculaires chroniques dans les muscles du plancher pelvien. Ces tensions constituent la première couche du blindage du bassin, dans laquelle la répression sexuelle et autres inhibitions (en particulier ceux acquis au cours de la formation aux toilettes), plus tard s'ajoutent.

Le diaphragme, cependant, est peut-être le domaine le plus important à protéger dès le début du blindage. Après avoir observé les nourrissons pendant plusieurs années dans un cadre de recherche, Reich a conclu que chez les bébés le blindage apparaît généralement d'abord comme un blocage de la respiration libre, exprimée comme dure, rude, inégale, ou une respiration difficile, qui peut conduire au rhume, à la toux, à la bronchite, etc .

"Le début de blocage de la respiration semble gagner en importance rapidement plus les enfants ont été observés. de quelque maniére la région diaphragmatique semble répondre en premier et plus gravement à l'émotionnel inconfort bioénergétique" [Ibid., P. 110]. la respiration du nourrisson est un indicateur clé de sa santé émotionnelle, et toute perturbation est un signal que quelque chose ne va pas. Ou, comme le dit Neill, "Le signe d'un enfant bien-élevé est sa respiration libre, désinhibée. Cela démontre qu'il n'a pas peur de la vie" [Op. Cit., P. 131].

Neill résume l'attitude libertaire à l'égard des soins des nourrissons comme suit : "L'auto-régulation, le droit d'un bébé de vivre librement sans une autorité exterieure sur les choses psychique et somatique. Cela signifie que le bébé se nourrit quand il a faim, qu'il devient propres dans ses habits quand il le veut, qu'il n'est jamais grondé ni fessé, qu'il est toujours aimé et protégé" [Op. Cit. p. 105].

De toute évidence, l'auto-régulation ne signifie pas laisser le bébé seul quand il se dirige vers une falaise ou qu'il commence à jouer avec une douille électrique. Les anarchistes ne préconisent pas un manque de bon sens. Nous reconnaissons que les adultes doivent avoir priorité sur la volonté d'un enfant quand il est question de la protection de sa sécurité physique. Comme Neill l'écrit: "Seul un idiot en charge de jeunes enfants permettrait des fenêtres de chambre à coucher non sécurisés, ou d'un feu non protégé dans la nurserie. Pourtant, trop souvent, les jeunes passionnés de l'auto-régulation viennent dans mon école en tant que visiteurs, et s'exclament de notre manque de liberté en verrouillant l'anti-poison dans un laboratoire fermé à clef, ou de notre interdiction de jouer durant l'évacuation en cas d'incendie. La liberté compléte de circulation est gâchée, et méprisé parce que de nombreux défenseurs de la liberté n'ont pas les pieds sur terre" [Ibid., P. 106].

Néanmoins, la position libertaire ne signifie pas que l'enfant doit être puni pour être entré dans une situation dangereuse. Ce n'est pas non plus la meilleure chose à faire dans un tel cas que de crier en alarme (sauf si c'est la seule façon de mettre en garde l'enfant avant qu'il ne soit trop tard), mais il suffit simplement de supprimer le danger, sans soucis. Comme Neill le dit: "Sauf si un enfant est mentalement défectueux, il va bientôt découvrir ce qui l'intéresse. Restant libre des cris excités et des voix de colère, il sera incroyablement sensible en traitant avec le matériel de toutes sortes de façons" [Ibid., P. 108]. à condition, bien sûr, qu'il ou elle a été permis d'auto-réguler dès le début et, par conséquent, qu'il n'a pas élaboré de pulsions secondaires irrationnelles.

J.6.3 Y a t il quelques exemples des méthodes d'éducation libertaire d'enfant appliquées au soin des jeunes enfants ?

La façon d'élever un enfant libre devient clair lorsque l'on considère la façon dont un enfant non libre est élevé. Ainsi imagine l'enfant typique, John Smith, lequel de l'éducation que AS Neill a décrit:

"Ses fonctions naturelles ont été laissés seules au cours de la période des couches. Mais quand il a commencé à explorer et à avancer sur le sol, des mots comme sale et méchant ont commencés à flotter sur la maison, et un sombre début lui a été fait en lui apprenant à être propre.

"Avant cela, ses mains étaient retirées à chaque fois qu'il touchait ses organes génitaux, et bientôt il est venu à associer l'interdiction de ses parties génitales avec le dégoût acquis des fèces. Ainsi, des années plus tard, quand il est devenu un voyageur, son répertoire d'histoire se composait d'un nombre équilibré de blagues sur le sexe et des toilettes.

"Une grande partie de sa formation a été conditionné par des proches et des voisins. La mère et le père ont été les plus soucieux d'être correct - à faire la bonne chose - de sorte que, lorsque les relations ou à côté les voisins sont venus, John a dû se montrer comme un enfant bien élevé. Il avait à dire Merci quand Tante lui donnait un morceau de chocolat, et il devait être plus prudent sur ses manières à table, et surtout, il devait s'abstenir de prendre la parole lorsque les adultes ont la parole. " [Summerhill, p. 97]

Quand il était un peu plus âgé, les choses ont empirés pour John. "Toute sa curiosité sur les origines de la vie ont été atteintes avec maladresse, et si efficacement que sa curiosité sur la vie et la naissance ont disparues. Les mensonges au sujet de La vie sont devenus associés à des craintes quand à l'âge de cinq ans, sa mère l'ayant trouvé à des jeux génitaux avec sa sœur de quatre ans et la fille de la voisine. La fessée sévère qui a suivi (Le père en rajoutant une quand il est revenu de son travail) a pour toujours transmis à John une leçon que le sexe est sale et pécheur, quelque chose qu'on ne doit pas penser" [Ibid.].

Bien sûr, les moyens d'inculcation des messages négatifs sur le sexe qu'utilisent les parents ne sont pas nécessairement de cette gravité, en particulier dans notre époque prétendument éclairée. Toutefois, il n'est pas nécessaire pour un enfant d'être fessé ou même grondé ou sermonné dans le but d'acquérir une attitude négative sur le sexe. Les enfants sont très intuitifs et vous recevrez le message "le sexe est mauvais" à partir de subtils indices des parents comme les expressions faciales, le ton de la voix, les silences embarrassés, l'évitement de certains sujets, etc... la simple "tolérance" de la curiosité et du jeu sexuel est bien différent dans ses effets psychologiques que l'affirmation positive.

Sur la base des conclusions de la psychiatrie clinique, Reich a postulé qu'il existe un "premier âge de la puberté" des enfants, à partir de l'âge d'environ 3 à 6 ans, lorsque l'attention de l'enfant glisse de la satisfaction des besoins oraux à un intérêt dans sa sexualité - une étape caractérisée par des jeux génitaux de toutes sortes. La tâche des parents à ce stade est non seulement de permettre aux enfants de s'engager dans de telles jeux, mais de l'encourager. "Chez l'enfant, avant l'âge de quatre ou cinq ans, la génitalité n'a pas encore été pleinement développé. La tâche ici consiste simplement à la suppression des obstacles sur la voie du développement naturel vers la pleine génitalité. Pour s'acquitter de cette tâche, nous devons convenir que le premier âge de puberté chez les enfants existe; que les jeux génitaux sont le point culminant de son développement, que le manque d'activité génitale est un signe de maladie et pas de santé, comme précédemment supposé, et que des enfants en bonne santé génitales jouent des jeux de toutes sortes, qui doivent être encouragé et non entravé" [Children of the Future, p. 66].

Dans le même esprit, pour empêcher la formation des attitudes négatives sur le sexe signifie que la nudité ne devrait jamais être découragé. "Le bébé devrait voir ses parents nu dès le début. Toutefois, il devrait être dit à l'enfant quand il est prêt à comprendre que certaines personnes n'aiment pas voir les enfants nus et qu'en présence de ces personnes, il doit porter des vêtements" [Neill, Summerhill, p. 229].

Neill soutient que non seulement les parents ne devraient jamais fesser ou punir un enfant pour des jeux génitaux, mais que la fessée et d'autres formes de châtiment ne devraient jamais être utilisés en toutes circonstances, car ils instillent la peur, tournant les enfants en lâches et aboutissant souvent à des phobies. "La peur doit être entièrement éliminée - la peur des adultes, la peur de la punition, la peur de la désapprobation, la crainte de Dieu. Seule la haine peut prospérer dans une atmosphère de peur" [Ibid., P. 124].

La punition transforme également les enfants en sadiques. "La cruauté de nombreux enfants ressort de la cruauté qui a été pratiqué sur eux par les adultes. Vous ne pouvez pas être battu sans vouloir battre quelqu'un d'autre... Tous les coups font d'un enfant un sadique en désir ou en pratique" [Ibid., P. 269, 271]. Il s'agit de toute évidence une considération importante pour les anarchistes, comme les pulsions sadiques fournissent un terrain psychologique pour le militarisme, la guerre, les brutalités policières, et ainsi de suite. Ces pulsions font sans doute aussi partie de la volonté d'exercer l'autorité hiérarchique, avec ses possibilités d'utiliser les sanctions négatives contre ses subordonnés comme un débouché pour les pulsions sadiques.

Battre un enfant est particulièrement lâche parce que c'est une façon pour les adultes de verser leur haine, leur frustration, leur sadisme sur ceux qui sont incapables de se défendre. Cette cruauté est, bien sûr, toujours rationalisée avec comme excuse "ça me blesse plus que vous", etc, ou des explications sur le plan moral, comme "je ne veux pas que mon garçon sois doux" ou "je veux le préparer à un monde dur" ou "je fesse mes enfants parce que mes parents me fessaient, et ça m'a fait beaucoup de bien". Mais en dépit de ces rationalisations, le fait demeure que la punition est toujours un acte de haine. à cette haine, l'enfant répond en nature par de la haine pour les parents, suivie par des fantasmes, de la culpabilité, et de la répression. Par exemple, l'enfant peut fantasmer la mort du père, qui cause immédiatement de la culpabilité, et ainsi est réprimée. Souvent, la haine induite par la punition émerge dans des fantasmes qui sont apparemment éloignés des parents, tels que des histoires de meurtre de géants - toujours populaires auprès des enfants parce que le géant représente le père. De toute évidence, le sentiment de culpabilité produit par ces fantasmes est très avantageux pour les religions organisées autour de cette promesse de rachat du «péché». Ce n'est sûrement pas une coïncidence que ces religions soient d'enthousiastes promoteurs de la morale négative du sexe et de pratiques d'éducation disciplinaire des enfants qui leur maintiennent et leur fournissent des recrues.

Ce qui est pire, toutefois, est que la sanction crée en fait "des enfants à problème". Il en est ainsi parce que le parent suscite de plus en plus la haine (et diminue la confiance dans les autres êtres humains) de l'enfant avec chaque fessée, qui est exprimée dans un comportement encore pire, appelant à plus de fessées, et ainsi de suite, par un cercle vicieux. En revanche, "L'enfant auto-régulé n'a pas besoin d'une quelconque punition", comme le fait valoir Neill, "et il ne va pas par le biais de ce cycle de haine. Il n'est jamais puni et il n'a pas besoin de se comporter mal. Il n'a pas besoin de mentir et de casser les choses. Son corps n'a jamais été énoncé comme sale ou méchant. Il n'a pas besoin de se rebeller contre l'autorité ou d'avoir peur de ses parents. les accès de colère qu'il aura normalement, mais ils seront de courte durée et ne tendront pas vers la névrose" [Ibid., P. 166].

Nous pourrions citer de nombreux autres exemples de la façon dont les principes libertaires de l'éducation des enfants peut être appliqué dans la pratique, mais nous devons nous limiter à ces quelques-uns. Les principes de base peuvent se résumer comme suit: Débarrassez-vous de l'autorité, du moralisme, et du désir «d'améliorer» et de «civiliser» les enfants. Permettez-leur d'être eux-mêmes, sans les punir, les corrompre, les menacer, les réprimander, leurs faire la morale, ou les forcer à faire quoi que ce soit. S'abstenir de toute action à moins que l'enfant, en exprimant leur "liberté" limite la liberté des autres et d'expliquer ce qui ne va pas sur de telles actions et ne jamais sanctionner mécaniquement.

Il s'agit, bien entendu, d'une philosophie radicale, que peu de parents sont prêts à suivre. Il est tout à fait incroyable de voir comment les gens qui s'appellent eux-mêmes des libertaires en matière de politiques et économique en tirent un trait dessus quand il s'agit de leur comportement au sein de la famille - comme si un tel comportement n'a pas de conséquences sociales plus larges ! Par conséquent, les opposants à la liberté des enfants sont légion, tout comme le sont leurs objections à l'éducation libertaire des enfants. Dans les sections suivantes nous allons examiner quelques-unes des plus communes de ces objections.

J.6.4 Si les enfants n'ont rien à craindre, comment peuvent-ils être bons ?

Que l'obéissance soit fondée sur la peur du châtiment, dans ce monde ou dans un autre monde, n'est pas vraiment une bonne chose, c'est simplement de la lâcheté. La vraie morale (c'est-à-dire le respect d'autrui et de soi-même) vient de l'intime conviction basée sur l'expérience, elle ne peut pas être imposée de l'extérieur par la peur. Elle ne peut non plus être inspiré par l'espoir d'une récompense, comme la louange ou la promesse du ciel, ce qui est simplement de la corruption. Comme on l'a noté dans la section précédente, si les enfants ont autant de liberté que possible à partir de leur naissance et ne sont pas forcé à se conformer aux attentes des parents, ils apprendront spontanément les principes de base du comportement social, tels que la propreté, la courtoisie, et ainsi de suite. Mais ils doivent être autorisés à les développer à leur propre rythme, à l'étape naturelle de leur croissance, et pas lorsque les parents pensent qu'ils devraient les développer. Et ce qu'est la période "naturelle" doit être découverte par l'observation, et non pas en le définissant, sur des a priori fondés sur ses propres attentes.

Un enfant peut-il vraiment apprendre à être propre sans être puni pour avoir été sale ? Selon de nombreux psychologues, cela est non seulement possible, mais d'une importance vitale pour la santé mentale de l'enfant à faire ainsi, car la punition donnera à l'enfant un interet fixe et réprimé dans ses fonctions corporelles. Comme Reich et Lowen l'ont montré, par exemple, les diverses formes de névroses obsessionnelles et compulsives peuvent être imputés à des punitions utilisés dans l'apprentissage des toilettes. Les chiens, les chats, les chevaux et les vaches n'ont pas de complexes quant aux excréments. Les complexes chez les enfants humains proviennent de la manière de leur instruction.

Neill fait observer que, "Quand la mère dit coquin ou sale ou même tut tut, l'élément du bien et du mal se pose. La question est d'ordre moral - alors qu'elle devrait rester physique". Il suggère que la mauvaise façon de traiter avec un enfant, qui aime jouer avec les fèces, est de lui dire qu'il est sale. "La bonne façon est de lui permettre de vivre hors de son intérêt pour les excréments en lui donnant de la boue ou de l'argile. De cette façon, il va sublimer son intérêt sans répression. Il vivra par l'intermédiaire de son intérêt, et ce faisant, le tuant" [Summerhill, p. 174].

De même, les sceptiques se poseront probablement la question de savoir comment les enfants peuvent être amenés à consommer une alimentation saine, sans menaces de punition. La réponse peut être découverte par une expérience simple : mettre sur la table tous les types d'aliments, des bonbons et de la crème glacée à du pain de blé entier, de la laitue, du choux, et ainsi de suite, et permettre à l'enfant une totale liberté de choisir ce qu'il souhaite ou alors de ne rien manger si il ou elle n'a pas faim. Les parents trouveront que les enfants arrivant commenceront le choix d'une alimentation équilibrée après environ une semaine, après que le désir d'interdiction ou de limitation des aliments ait été satisfait. Ceci est un exemple de ce qui peut être appelé "une nature confiante". Que la question de savoir comment «apprendre» à un enfant à manger correctement devrait même être une question qui en dit long sur le peu de notion de liberté pour les enfants est acceptée ou même entendue, dans notre société. Malheureusement, le concept d'"apprentissage" détient toujours le terrain et ceci dans la plupart des autres domaines.

L'argument disciplinaire selon lequel les enfants doivent être forcé de respecter la propriété est également défectueux, car il exige toujours certains sacrifice de la vie d'un enfant à jouer (et l'enfance doit être consacrée à jouer, et non de «se préparer à l'âge adulte», car le jeu est ce que les enfants spontanément font). Le point de vue libertaire est que l'enfant doit arriver à un sens de la valeur de son propre choix libre. Cela signifie de ne pas le gronder ou les punir pour avoir brisé ou endommagé des choses. Comme ils sortent de la phase d'indifférence preadolescente à la propriété, ils apprennent à la respecter naturellement.

"Mais un enfant ne devrait-il pas au moins être passible d'une punition pour vol ?" il nous sera demandé. Une fois de plus, la réponse réside dans l'idée de confiance en la nature. La notion de "mien" et de "tien" est adulte, et les enfants naturellement les développent quand ils deviennent matures, mais pas avant. Cela signifie que les enfants normaux "volent" - pensez que ce n'est pas la façon dont ils considèrent cela. Ils essayent tout simplement de satisfaire leurs pulsions d'acquisition, ou, si ils/elles sont avec des amiEs, leur désir d'aventure. Dans une société si bien trempé dans l'idée de respect de la propriété comme la nôtre, il ne fait aucun doute qu'il est difficile pour les parents de résister à la pression sociale qui consiste à punir les enfants pour avoir "volé". La récompense pour une telle confiance, toutefois, serait un enfant qui grandit dans une adolescence en bonne santé qui respecte les biens d'autrui, non pas en lâche ayant peur de la punition, mais de sa propre auto-nature.

J.6.5 Mais comment les enfants peuvent-ils apprendre l'éthique s'ils ne leur sont pas donnés des punitions, des prohibitions, et une instruction religieuse ?

La plupart des parents estiment que, en plus de prendre soin des besoins physiques de leur enfant, l'enseignement de l'éthique / des valeurs morales est de leur principale responsabilité, et que sans un tel enseignement l'enfant va grandir et devenir un "petit animal sauvage" qui agit sur chaque coup de tête sans considération pour les autres. Cette idée découle principalement du fait que la plupart des gens dans notre société pensent, au moins passivement, que les êtres humains sont naturellement mauvais et que, si ils ne sont pas "formés" à être bons, ils seront paresseux, moyens, violents, voire meurtriers. Cela, bien sûr, est essentiellement l'idée du «péché originel». En raison de son acceptation généralisée, près de tous les adultes croient qu'il est de leur emploi à "améliorer" les enfants.

Selon les psychologues libertaire, cependant, il n'y a pas de péché originel. En fait, il serait plus exact de dire qu'il y a une "vertue originel". Comme nous l'avons vu, Reich a constaté que les choses imposées de l'extérieur, la morale compulsive causes actuellement des comportement immoraux par la création d'une "pulsion secondaire" cruelle et perverse. Neill pose cela de cette façon: "je trouve que lorsque je casse l'instruction morale qu'un mauvais garçon a reçu, il devient un bon garçon" [Summerhill, p. 250].

L'acceptation inconsciente d'une certaine forme de l'idée du péché originel est, comme nous l'avons mentionné précédemment, le principal outil de recrutement des religions organisées, comme des gens qui croient qu'ils sont nés "pécheurs" ressentent un fort sentiment de culpabilité et de besoin de rédemption. Neill conseille donc aux parents d'"éliminer toute nécessité de rédemption, en disant à l'enfant qu'il est né bon - non né mauvais". Cela permettra de les aider à ne pas tomber sous l'influence des religions niant la vie, qui sont hostiles à la croissance d'une saine structure du caractère.

comme Reich le souligne, "L'Eglise, en raison de son influence sur la sexualité des jeunes, est une institution qui exerce un effet extrêmement préjudiciable sur la santé" [Children of the Future, p. 217]. Citant des études ethnologiques, il note ce qui suit :

"Parmi les peuples primitifs qui mènent une vie sexuelle satisfaisante, irréprochable, il n'y a pas de crime sexuel, pas de perversion sexuelle, pas de brutalité sexuelle entre un homme et une femme, le viol est impensable, car il n'est pas nécessaire dans leur société. Leur activité sexuelle fluctue par des canaux normaux, bien ordonnés qui combleraient tout clerc avec indignation et peur, parce que la jeunesse pâle, ascétique et les hurlements, les femmes battant les enfants n'existent pas dans ces sociétés primitives. Ils adorent le corps humain et prennent plaisir dans leur sexualité. Ils ne comprennent pas pourquoi les jeunes hommes et femmes ne devraient pas jouir de leur sexualité. Mais quand leur vie est envahi par le bourbier ascètique, hypocrite et par l'Eglise, qui apportent leur "culture" avec l'exploitation, l'alcool et la syphilis, ils commencent à subir la même misère que nous. Ils commencent à conduire des vies "morales", c'est-à-dire à réprimer leur sexualité, et ensuite ils déclinent de plus en plus dans un état de détresse sexuelle, qui est le résultat de la répression sexuelle. Dans le même temps, ils deviennent sexuellement dangereux ; meurtres de conjoints, des maladies sexuelles, et des crimes de toutes sortes commencent à apparaître. " [Ibid., P. 193]

De tels crimes dans notre société seraient considérablement réduit si la pratique d'une éducation libertaire des enfants étaient largement suivie. Ce sont évidemment des considérations importantes pour les anarchistes, qui sont fréquemment invités à expliquer comment la criminalité pourrait être évité dans une société anarchiste. La réponse est que si les gens ne sont pas niés au cours de l'enfance, il y aurait beaucoup moins de criminalité, parce que la structure de pulsion secondaire qui mène à des comportements anti-sociaux de toutes sortes ne serait pas créé en premier lieu. En d'autres termes, la solution au soi-disant problème de criminalité n'est pas plus la police, les lois, ou un retour aux "valeurs familiales traditionnelles" disciplinaires, comme le prétendent les conservateurs, mais dépend essentiellement du fait de se débarrasser de ces valeurs.

Il existe d'autres problèmes aussi bien avec le moralisme enseigné par les religions organisées. Un danger qui fait de l'enfant un haineux. "Si il est enseigné à un enfant que certaines choses sont un péché, son amour de la vie doit être changé en haine. Quand les enfants sont libres, ils ne pensent jamais d'un autre enfant comme étant un pécheur" [Neill, op. Cit., P. 245]. De l'idée que certaines personnes sont pécheurs, il n'est qu'un pas vers l'idée que certaines classes ou races de personnes sont plus "péchés" que d'autres, ce qui conduit à des préjugés, de la discrimination et de la persécution des minorités comme un débouché pour la colère réprimé et les pulsions sadiques - les pulsions qui sont créés en premier lieu par les moralistes de formation au cours de la petite enfance. Une fois de plus, la pertinence de l'anarchisme est évidente.

Un autre danger de l'instruction religieuse est le développement d'une peur de la vie. "La religion pour un enfant signifie toujours plus que la peur. Dieu est un homme puissant avec des trous dans ses paupières: il peut vous voir où que vous soyez. Pour un enfant, cela signifie souvent que Dieu peut voir ce qui se fait dans le cadre de la literie. Et d'introduire la peur dans la vie d'un enfant est le pire de tous les crimes. pour toujours l'enfant dit non à la vie, il est toujours inférieure; à jamais un lâche" [Ibid., P. 246]. Les gens qui ont été menacés par la peur d'une vie en enfer après la mort ne peuvent jamais être entièrement libre de la névrose d'angoisse au sujet de la sécurité dans cette vie. En retour, ces personnes deviennent des cibles faciles de la propagande de la classe dirigeante qui joue sur leur insécurité matérielle, par exemple, en rationalisant les guerres impérialistes comme nécessaire pour "préserver les emplois" (cité, par exemple, par le secrétaire d'État américain James Baker comme une justification de la guerre du Golfe).

J.6.6 mais comment un enfant libre apprendra il le désintéressement (NDT: Altruisme?) ?

Une autre objection à l'auto-régulation est que les enfants peuvent seulement apprendre à être désintéressé (NDT: dans l'idée d'altruiste) par le biais de la punition et de l'avertissement. Encore une fois, cependant, un tel point de vue provient d'une méfiance de la nature et fait partie de l'attitude commune que la nature est une simple "matière première" à être façonné par des êtres humains selon leurs propres souhaits. L'attitude libertaire est que le désintéressement se développe à son propre rythme - ce qui n'est pas au cours de l'enfance. Les enfants sont principalement égoïstes, généralement jusqu'au début de la puberté, et jusque-là ils n'ont généralement pas la capacité de s'identifier avec les autres. Ainsi :

"Demander à un enfant d'être désintéressé est faux. Chaque enfant est un égoïste et le monde lui appartient. Quand il a une pomme, son unique souhait est de manger cette pomme. Le principal résultat de l'encouragement de la mère à la partager avec son petit frère est de lui faire haïr le petit frère. l'altruisme vient plus tard - il vient naturellement - même si l'enfant n'a pas eu l'enseignement à être altruiste. Il ne vient sans doute jamais si l'enfant a été forcé d'être désintéressée (altruiste). En supprimant l'égoïsme de l'enfant, la mère fixe cet égoïsme à jamais" [Neill, op. Cit., Pp. 250-251].

Des souhaits non tenus (comme toutes les "affaires non réglées") vivent dans l'inconscient. Par conséquent les enfants qui su bissent des pressions trop dures - "enseignées" - pour être altruiste seront, en apparence en conformité avec les exigences des parents, inconsciemment réprimant une partie de leur réel, les souhaits égoïstes, et ces désirs réprimés infantile feront une personne égoïste (et peut-être névrotique) tout au long de sa vie. En outre, dire aux enfants que ce qu'ils veulent faire est "mauvais" ou "faux" est équivalent de leur apprendre à se haïr eux-mêmes, et c'est un principe bien connu de la psychologie que les personnes qui ne s'aiment pas eux-mêmes ne peuvent pas aimer les autres. Ainsi, l'instruction morale, même si elle vise à développer l'altruisme et l'amour pour les autres, est vouée à l'échec, juste après avoir fait le contraire.

En outre, de telles tentatives de produire des enfants "désintéressés" (et donc les adultes aussi) fonctionne réellement contre le développement de l'individualité de l'enfant et de leur capacité à développer leurs propres capacités (en particulier leur capacité de pensée critique). Comme le dit Erich Fromm, "ne pas être égoïste implique de ne pas faire ce que l'on souhaite, de renoncer à ses propres souhaits pour le bien de ceux qui sont au pouvoir... En plus de son évidente implication, il signifie « ne vous aimez pas », « ne soyez pas vous », mais soumettez vous à quelque chose de plus important que vous-même, à un pouvoir exterieur ou à son interiorisation, par « devoir ». « Ne pas être égoïste » devient l'un des plus puissants outils idéologiques pour supprimer la spontanéité et le libre développement de la personnalité. Sous la pression de ce slogan est demandé pour chacun des sacrifices et la soumission complète : seuls ces actes sont «désintéressés», lesquels ne servent pas l'individu, mais quelqu'un ou quelque chose au dessus de lui-même". [Man for Himself, p. 127]

Bien qu'un tel "désintéressement" est idéal pour créer des "citoyens modèle" et la volonté pour être un esclave salarié, il n'est pas propice à la création d'anarchistes ou même au développement de l'individualité. Rien d'étonnant que Bakounine ait célébré l'urgence de se rebeller et qu'il la voyait comme la clé du progrès humain ! Fromm notait que l'égoïsme et l'auto-amour, "loin d'être identiques, sont en fait opposés" et que les "personnes égoïstes sont incapables d'aimer les autres... [Ou] de s'aimer elles-mêmes ..." [Op. Cit., P. 131]. Les personnes qui ne s'aiment pas elles-mêmes, et en conséquence les autres, seront plus disposés à se soumettre à la hiérarchie que celles qui s'aiment elles-mêmes et sont préoccupés par leur propre bien-être, et de celui des autres. Ainsi, la nature contradictoire du capitalisme, avec ses appels contradictoires à des comportements égoïste et altruiste, peut être comprise comme étant fondée sur l'absence d'auto-amour, un manque qui est promu dans l'enfance et auquel chaque libertaire devrait être conscient et lutter contre.

En effet, une grande partie de l'exhortation à "apprendre aux enfants le désintéressement" est en fait une expression de la volonté de pouvoir des adultes. Lorsque les parents se sentent dans le besoin d'imposer des directives à leurs enfants, ils serait sage de se demander si l'impulsion vient de leur propre pulsion ou de leur propre égoïsme. En effet, depuis que notre culture nous conditionne fortement à rechercher le pouvoir sur les autres, ce qui serait plus pratique que d'avoir une personne petite et faible à part qui ne peut résister à la propre volonté du pouvoir ? Au lieu de donner des directives, les libertaires croient que laisser un comportement social se développer naturellement, lequel se fera et après les opinions des autres gens deviennent importantes pour l'enfant. Comme le souligne Neill, "Tout le monde cherche la bonne opinion de ses voisins. À moins que d'autres forces le poussent dans des comportements insocial, un enfant voudra naturellement faire ce qui lui vaudra d'être bien considéré, mais ce désir de plaire à d'autres se développe à une certaine étape de sa croissance. La tentative faite par les parents et les enseignants d'accélérer artificiellement ce stade, fait à l'enfant des dommages irréparables" [Neill, op. Cit., P. 256].

Par conséquent, les parents doivent permettre aux enfants d'être "égoïstes" et "non partageurs", libres de suivre leurs propres intérêts enfantin tout au long de leur enfance. Et quand leurs intérêts individuels sont en conflit avec les intérêts sociaux (par exemple, l'avis des voisins), les intérêts individuels doivent l'emporter. Chaque conflit d'intérêts interpersonnel devrait être un motif pour une leçon de dignité d'un côté et d'examen de l'autre. Ce n'est que par ce processus qu'un enfant peut développer son individualité. Ce faisant, ils viendront à reconnaître l'individualité des autres et c'est la première étape dans le développement de concepts éthiques (qui est sur le respect mutuel pour les autres et leur individualité).

J.6.7 Ce que vous appelez "Education libertaire des enfants" n'est pas juste un autre nom pour gâter l'enfant ?

Non. Cette objection confond la distinction entre la liberté et la license. Pour élever un enfant dans la liberté ne signifie pas le/la laisser vous marcher dessus ; cela ne veut pas dire ne jamais dire «non». Il est vrai que les enfants libres ne sont pas soumis à des châtiments, à de l'autorité irrationnelle, ni à des remontrances moralisatrices, mais ils ne sont pas «libre» de violer les droits des autres. Comme le dit Neill, "dans une maison discipliné, les enfants n'ont pas de droits. Dans une maison Gâté, ils ont tous les droits. Le mieux est une maison où les enfants et les adultes ont des droits égaux". Ou encore, "laisser un enfant avoir sa propre manière, ou faire ce qu'il veut au détriment d'un autre, est mauvais pour l'enfant. ça crée un enfant gâté, et l'enfant gâté est un mauvais citoyen" [Summerhill, p. 107, 167].

Il y aura inévitablement des conflits de volontés entre les parents et les enfants, et la maniére saine pour les résoudre est de venir en quelque sorte d'un accord de compromis. La maniére malsaine sont soit de recourir à la discipline autoritaire ou à gâter l'enfant en lui permettant de disposer de tous les droits sociaux. Les psychologues libertaires font valoir qu'aucun dommage n'est fait pour les enfants en insistant sur ses droits individuels, mais que le dommage provient du moralisme, c'est-à-dire lorsque l'on introduit les concepts de bien et de mal ou de mots tels que "méchant", "mauvais" ou "sale", lesquels produisent de la culpabilité.

Par conséquent, il ne faut pas croire que les enfants libres sont libres de "faire comme ils leur plaît". La liberté, c'est faire ce que l'on aime tant qu'on ne porte pas atteinte à la liberté des autres. Ainsi, il y a une grande différence entre contraindre un enfant à cesser de jeter des pierres sur les autres et l'obliger à apprendre la géométrie. Jeter des pierres porte atteinte aux droits d'autrui, mais l'apprentissage de la géométrie ne concerne que l'enfant. Il en va de même quant à forcer les enfants à manger avec une fourchette plutôt qu'avec leurs doigts ; à-dire "s'il vous plaît" et "merci" à ranger leur chambre, et ainsi de suite. Les mauvaises manières et le désordre peut être ennuyeux pour les adultes, mais ils ne sont pas une violation des droits des adultes. On pourrait, bien sûr, définir un "droit" adulte pour être à l'abri de tout désagrément de la part de son enfant, mais ce serait tout simplement une license pour l'autoritarisme, en vidant le concept des droits de l'enfant de tout contenu.

Comme indiqué plus haut, donner aux enfants la liberté ne signifie pas leur permettre de se mettre en danger physiquement. Par exemple, on ne devrait pas inviter un enfant malade à décider s'il veut aller dehors ou prendre son médicament prescrit, ni à un enfant épuisé et fatigué si il veut aller au lit. Mais l'imposition de telles formes d'autorité nécessaire est compatible avec l'idée que les enfants doivent leur être donné une grande responsabilité autant qu'ils peuvent agir à leur âge. Pour que de cette façon ils puissent développer l'auto-assurance. Et encore, il est important pour les parents d'examiner leurs propres motivations au moment de décider quel degré de responsabilité donner à leurs enfants. Les parents qui insistent sur le choix des vêtements de leurs enfants, par exemple, ont généralement peur que le petit Tommy puisse choisir des vêtements qui reflètent mal le standing social des parents.

Quant à ceux qui assimilent la "discipline" à la maison avec l'«obéissance», cette derniere est habituellement exigé d'un enfant pour satisfaire la volonté de puissance des adultes. L'auto-régulation signifie qu'il n'y a pas de jeux de pouvoir à être joué avec les enfants, pas de voix disant : "Vous le faites parce que je le dis, ou bien !". Mais, bien que cette sorte de recherche de pouvoir irrationnel d'autorité soit absent dans une maison libertaire, il reste encore ce qu'on peut appeler une sorte de "pouvoir", à savoir la protection, le soin et la responsabilité des adultes, ainsi que l'insistance sur son propre droit. Neill fait observer que, "Cette autorité exige parfois de l'obéissance, mais à d'autres moments donne de l'obéissance. Ainsi, je peux dire à ma fille, 'Tu ne peux pas apporter cette boue et cette eau dans notre salon'. Ce n'est pas plus que si elle me dit : 'Sors de ma chambre, papa. Je ne veux pas de toi ici maintenant', un souhait auquel, bien sûr, j'obéis sans un mot" [op. Cit., P. 156]. Par conséquent, il y aura encore de la «discipline» dans la maison libertaire, mais elle sera de nature qui protège les droits individuels de chaque membre de la famille.

Élever des enfants dans la liberté n'implique pas de leur donner beaucoup de jouets, d'argent, et ainsi de suite. Les Reichiens ont fait valoir qu'il ne devrait pas être donné aux enfants tout ce qu'ils demandent et qu'il est préférable de leur donner trop peu que trop. En vertu du constant bombardement par des campagnes publicitaires, les parents d'aujourd'hui ont généralement tendance à donner à leurs enfants beaucoup trop, de sorte que les enfants cessent d'apprecier les dons et rarement toute la valeur de leurs biens. Cette même règle s'applique à l'argent, qui, si elle est en excès, peut nuire à la créativité de l'enfant et jouer sur la vie. Si il n'est pas donné trop de jouets aux enfants, ils tirent une joie créative de faire leurs propres jouets à partir de de quelconque matériaux libre qui sont à portée de main - une joie dont ils sont dépossédés par plus d'indulgence. Les psychologues soulignent que les parents qui donnent trop de cadeaux essayent souvent de compenser pour avoir donné trop peu d'amour.

Il y a moins de danger à récompenser les enfants qu'il y en a à les punir, mais les récompenses peuvent encore saper le moral d'un enfant. La raison en est que, premièrement, les récompenses sont superflus et souvent, en fait, diminuent la motivation et la créativité, comme plusieurs études psychologiques l'ont montré (voir la section I.4.10). Les personnes creatives travaillent pour le plaisir de créer; les intérêts monétaires ne sont pas centraux (ou nécessaires) pour le processus de création. Deuxièmement, les récompenses envoient le mauvais message, à savoir, que faire l'acte pour lequel la récompense est offerte n'est pas la peine d'être faite dans son propre intérêt et le plaisir associé à l'activité créatrice et productive. Et troisièmement, les récompenses ont tendance à renforcer les pires aspects du système de concurrence, conduisant à l'attitude que l'argent est la seule chose qui peut motiver les gens à faire le travail qui a besoin d'être fait dans la société.

Ce ne sont là que quelques-unes des considérations qui entrent dans la distinction entre des enfants gâtés et les élever dans la liberté. En réalité, c'est la punition et la crainte d'une discipline maison qui gâte les enfants dans le sens le plus littéral, en détruisant leur joie d'enfant et en créant des personnalités voilées. Comme les adultes, les victimes du disciplinarisme auront généralement le fardeau d'une ou plusieurs pulsions secondaires anti-sociales tels que le sadisme, la destruction, l'avidité, les perversions sexuelles, etc, ainsi que la rage et la peur réprimé. La présence de telles pulsions juste au-dessous de la surface de la conscience cause de l'anxiété, qui est automatiquement défendu contre des couches de l'armature rigide musculaire, ce qui laisse la personne raide, frustré, amer, et avec le fardeau des sentiments de vide intérieur. Dans une telle condition, les gens sont facilement victimes de l'évangile capitaliste de la super-consommation, qui promet que l'argent leur permettra de combler le vide intérieur en achetant les produits de base - une promesse qui, bien entendu, est creuse.

La personne blindée neurologiquement a aussi tendance à chercher des boucs émissaires sur qui est à l'origine de sa frustration et d'anxiété contre qui sa rage réprimé peut être ventilé. Les politiciens réactionnaires savent très bien comment diriger de telles pulsions contre les minorités ou les «nations hostiles» par de la propagande destinée à servir les intérêts de l'élite au pouvoir. Plus important encore, toutefois, le respect de l'autorité combiné avec des pulsions sadiques qui est acquis de par une éducation typiquement disciplinaire qui produit une personnalité soumise / autoritaire - un homme ou une femme qui suit aveuglément les ordres des "supérieurs" alors que dans le même temps, et qui désire exercer une autorité sur des "subordonnés", que ce soit dans la famille, dans la bureaucratie étatique, ou dans la corporation. De cette façon, les familles "traditionnelles" (par exemple : autoritaire, disciplinaire, patriarcales) sont le fondement nécessaire pour la civilisation autoritaire, la reproduisant avec son cortège de fléaux sociaux de génération en génération. "Roots of Evil" de Irving Staub comprend des entrevues d'hommes SS emprisonnés, qui, au cours de longs entretiens (ayant pour but de déterminer comment les soi-disant personnes «normales» pourraient accomplir des actes de cruauté et de violence inouïes) a révélé que la grande majorité, ils sont venus de foyers autoritaires, disciplinaires.

J.6.8 Quelle est la position des anarchistes sur la libération sexuelle des adolescents ?

Un des plus grands problèmes de l'adolescence est la répression sexuelle faite par les parents et la société en général. L'adolescence est le moment où l'énergie sexuelle est à son apogée. Pourquoi, alors, la demande absurde à ce que les adolescents "attendent jusqu'au mariage", ou au moins jusqu'à ce qu'ils quittent la maison, avant de devenir sexuellement actif ? Pourquoi y a t-il sur les livres des lois dans des pays "avancés" comme les États-Unis qui permettent qu'un "garçon" de 19 ans qui fait l'amour avec sa petite amie de 17 ans, avec son plein consentement, d'être arrêté par les parents de la jeune fille (!) pour "viol" ?

Pour répondre à ces questions, rappelons-nous que la classe dirigeante n'est pas intéressée à encourager des tendances de la masse vers la démocratie et l'indépendance et le plaisir ne provenant pas de la base, mais plutôt ce qu'elle soutient contribue à la soumission, la docilité, la dépendance, l'impuissance de la masse, et le respect de l'autorité -- traits qui perpétuent les hiérarchies sur lesquels le pouvoir et les privilèges de la classe dirigeante dépendent.

Nous avons noté précédemment que, parce que le sexe est la plus intense forme de plaisir (l'un des plus importants contributeurs de l'intimité et de liens des personnes) et qu'il implique la bioénergie du corps et des émotions, la répression de la sexualité est le plus puissant moyen psychologiquement invalidant pour des personnes et en leur donnant une structure de caractère soumise / autoritaire (ainsi qu'aliéner les gens les uns des autres). Reich observe qu'un tel caractère est composé d'un mélange d'"impuissance sexuelle, d'affaiblissement, un besoin d'attachement, une nostalgie pour un chef charismatique, la peur de l'autorité, la timidité, et le mysticisme". Comme il l'a fait également remarqué, "les gens structuré de cette façon sont incapable de démocratie. Toutes les tentatives visant à construire ou à maintenir de véritables organismes démocratiquement réalisé viennent comme une douleur lorsqu'ils rencontrent ces structures de caractère. Ils constituent le sol psychologique des masses dans lequel les tendances dictatoriales ou les tendances bureaucratiques de dirigeants démocratiquement élus peuvent se développer... [la répression sexuelle] produit de la crainte de l'autorité, des vassaux craignant la vie, et donc crée constamment de nouvelles possibilités par lesquelles une poignée d'hommes au pouvoir peuvent diriger les masses" [The Sexual Revolution: Toward a Self-Regulating Character Structure, p. 82, emphasis added]

Sans aucun doute, la plupart des membres de l'élite dirigeante ne sont pas pleinement conscients que leur propre pouvoir et privilèges dépendent de la masse à perpétuer des attitudes négatives sur le sexe. Néanmoins, ils le ressentent inconsciemment. La liberté sexuelle est la plus basique et puissante nature, et tous les conservateurs ou réactionnaires frémissent instinctivement à la pensée du "chaos social" que ça libérerait - le rebelle, défiant l'autorité du caractère type qu'il nourrit. C'est la raison pour laquelle les «valeurs familiales» et la «religion» (c'est-à-dire la discipline et la morale sexuelle compulsive) sont les piliers de l'ordre du jour des conservateurs / réactionnaires. Ainsi, il est d'une importance cruciale pour les anarchistes de s'adresser à tous les aspects de la répression sexuelle dans la société. Et cela veut dire en affirmant le droit des adolescents à une vie sexuelle sans restriction.

Il existe de nombreux arguments en faveur de la libération sexuelle chez les adolescents. Par exemple, de nombreux suicides d'adolescents pourraient être évités en éliminant les restrictions sur la sexualité des adolescents. Cela devient clair à partir de l'étude ethnologique de peuples "primitifs" sexuellement non repressifs. Ainsi:

"Tous les rapports, que ce soit par les missionnaires ou les chercheurs, avec ou sans indignation sur la "dépravation morale" des "sauvages", déclarent que les rites de la puberté des adolescents les conduit immédiatement dans la vie sexuelle ; que certaines de ces sociétés primitives mettent un grand accent sur le plaisir sexuel, que le rite de la puberté est un événement social important, que certains peuples primitifs, non seulement n'entravent pas la vie sexuelle des adolescents, mais l'encourage par tous les moyens, comme, par exemple, par l'aménagement de maisons communautaires dans lesquelles les adolescents sont admis au début de la puberté afin d'être en mesure de jouir de relations sexuelles. Même dans les sociétés primitives dans lesquelles l'institution du strict mariage monogame existe, les adolescents leur sont donnés une totale liberté de jouir de relations sexuelles depuis le début de la puberté jusqu'au mariage. Aucun de ces rapports ne contiennent d'indication sur la misère sexuelle ou le suicide des adolescents souffrant de non amour (bien que ce dernier se produise bien sûr). La contradiction entre la maturité sexuelle et l'absence de plaisir sexuel génital est inexistante" [Ibid., P. 85].

La répression sexuelle chez les adolescents est également étroitement lié à la criminalité. Si il y a des centaines d'adolescents dans un quartier qui n'ont pas lieu de poursuivre des relations sexuelles intimes, ils le feront dans des coins sombres, dans des voitures ou des camionnettes, etc, toujours sur le qui-vive et soucieux de peur d'être découvert par quelqu'un. Dans ces conditions, la pleine satisfaction est impossible, ce qui conduit à une accumulation de tension, de frustration et de stagnation de la bioénergie (stase sexuelle). Ainsi, ils se sentent insatisfaits, perturbés les uns les autres, deviennent jaloux et en colère, vont dans des bagarres, se tournent vers la drogue comme substitut à une vie amoureuse satisfaisante, vandalisent la propriété pour se libérer de la "pression" (rage réprimée), ou même de meurtre de quelqu'un. Reich note que, "la délinquance des mineurs est l'expression visible de la crise sexuelle souterraine dans la vie des enfants et des adolescents. Et il peut être prédit que la société ne va jamais réussir à résoudre ce problème, le problème de la psychopathologie des mineurs, à moins que la société ait le courage et acquiert les connaissances nécessaires pour réglementer la vie sexuelle de ses enfants et des adolescents d'une façon à positiver le sexe" [Ibid., P. 271].

Pour ces raisons, il est clair que la solution du "problème des gangs" dépend aussi de la libération sexuelle des adolescents. Nous ne proposons pas, bien sûr, que les gangs eux-mêmes répriment l'activité sexuelle. En effet, une de leurs principales attractions pour les adolescents est sans aucun doute l'espoir de plus de possibilités de sexe en tant que membre de gang. Toutefois, les gangs de rue sont typiquement obssedés par la promiscuité, pornographique, sadique, et d'autres aspects « ombrageux » du sexe montre que pour le moment les enfants atteignent le gang à l'âge où ils ont déjà mis au point des pulsions secondaire malsaines en raison de l'environnement, généralement négatif et répressif quant au sexe, dans lequel ils ont grandi. L'expression de ces pulsions n'est pas ce que les anarchistes expriment par "liberté sexuelle". Au contraire, les propositions anarchiste de libération chez les adolescents sont fondés sur le principe que la sexualité sans restriction dans la petite enfance est la condition nécessaire pour une saine liberté sexuelle dans l'adolescence.

L'application de ces idées à notre propre société, il est clair que les adolescents ne doivent pas seulement avoir suffisamment accès à une chambre privée où ils peuvent être tranquille avec leurs partenaires sexuels, mais que les parents devraient encourager activement ce type de comportement pour le bien de la santé et du bonheur de leur enfant (alors que, bien sûr, encourager la connaissance et l'usage de contraceptifs et la sexualité sans risque en général ainsi que le respect de l'autre personne impliquée dans la relation). Ce dernier point (de respecter les autres) est essentielle. Comme le fait remarquer Maurice Brinton, les tentatives de libération sexuelle rencontre deux types de réponses de la société établi - l'opposition directe et les tentatives de récupération. La deuxième réponse prend la forme de "premiere aliénation et de reification de la sexualité, et puis de l'exploitation frénétique de cette coquille vide à des fins commerciales. Comme la jeunnesse moderne éclate du double étau de la famille patriarcale autoritaire où il rencontre une image projetée de la liberté sexuelle qui est en fait, une distorsion manipulatoire de cela". Cela peut être vu de l'usage du sexe dans la publicité jusqu'à la réussite du développement du sexe dans une industrie de grande consommation.

Toutefois, une telle évolution est à l'opposé de la sexualité saine souhaitée par les anarchistes. La raison en est que "le sexe est présenté comme quelque chose à être consommée. Mais l'instinct sexuel diffère de certains autres instincts ... [comme il peut être satisfait que par] un autre être humain, capable de penser, d'agir, de souffrir. L'aliénation de la sexualité dans les conditions du capitalisme moderne est très bien partie de l'ensemble des processus d'aliénation, dans lequel les gens sont convertis en objets (dans ce cas, des objets sexuels de consommation) et les relations sont vidées de tout contenu humain. Sans discrimination, l'activité sexuelle compulsive, n'est pas de la liberté sexuelle - même si elle peut parfois être une préparation pour ça (la morale répressive ne peut jamais en être). L'illusion que le sexe aliéné soit de la liberté sexuelle constitue un autre obstacle sur la voie de l'émancipation totale. La liberté sexuelle implique une réalisation et une compréhension de l'autonomie des autres" [The Irrational in Politics, p. 60, p. 61].

Par conséquent, les anarchistes voient la libération sexuelle chez les adolescentes comme un moyen de développer des individus libres ainsi que la réduction des méfaits de la répression sexuelle (qui, il faut le noter, aident également les personnes deshumanisés en l'encourageant à l'objectivation des autres, et dans une société patriarcale, en particulier des femmes).

J.6.9 Mais ce souci de libération sexuelle des adolescents n'est-il pas juste une distraction par rapport aux perspectives qui devraient concerner plus les anarchistes, comme la restructuration de l'économie ?

Il serait insultant pour les adolescents de suggérer que la liberté sexuelle est, ou devrait être, leur seule préoccupation. Beaucoup d'adolescents ont bien développé une conscience sociale et sont vivement intéressés par les problèmes de l'exploitation économique, la pauvreté, la fracture sociale, la dégradation de l'environnement, et ainsi de suite.

Toutefois, il est essentiel pour les anarchistes de se prémunir contre l'attitude qu'on trouve généralement dans les partis marxistes-léninistes pour qui des discussions spontanées sur les problèmes sexuels des jeunes sont un "détournement de la lutte des classes". Une telle attitude est économiste (pour ne pas mentionner de secrètement ascétique), car elle est fondée sur le prémisse que l'économie doit être au cœur de tous les efforts révolutionnaires vers le changement social. Sans aucun doute, la restructuration de l'économie est importante, mais sans la libération sexuelle des masse aucune révolution de la classe ouvrière ne serait compléte. Dans une "société libre", il n'y aura pas assez de gens avec les structures de caractéres nécessaires pour créer une durable économie contrôlé par le travailleur - c'est-à-dire des gens qui sont capables d'accepter la liberté avec responsabilité. Au lieu de cela, la tentative de forcer la création d'une telle économie sans préparer le sol psychologique nécessaire pour sa croissance mènera à un retour rapide à une nouvelle forme de hiérarchie et d'exploitation.

En outre, pour la plupart des adolescents, une rupture libre vis à vis de la répression sexuelle qui menace de les paralyser psychologiquement est un problème majeur dans leur vie. Pour cette raison, peu d'entre eux sont susceptibles d'être attirés par le mouvement de "liberté" anarchiste si ses exposants se limitent à des discussions sur l'excédent de valeur, du travail aliéné, et ainsi de suite. Au lieu de cela, traiter les questions et les problèmes sexuelles doivent être intégrés dans une attaque multi-facettes sur l'ensemble du système de domination. Les adolescents devraient être convaincus que les anarchistes sont du côté du plaisir sexuel et ne sont pas des ascètes révolutionnaires exigeant l'abnégation au "nom de la révolution". Au contraire, il convient de souligner que la capacité de la pleine jouissance sexuelle est l'un élément essentiel de la révolution. En effet, le "questionnement incessant et le défi à l'autorité sur le sujet du sexe et de la famille compulsive ne peuvent que compléter l'interrogation et le défi à l'autorité dans d'autres domaines (par exemple sur la question de qui domine le processus du travail - ou le but du travail lui-même). Les défis soulignent l'autonomie des individus et leur domination sur des aspects importants de leur vie. exposer les deux concepts aliéné qui passent de la rationalité et qui régissent une grande partie de notre pensée et de notre comportement. La tâche de la conscience révolutionnaire est de rendre les deux défis explicite, montrer leur contenu profondément subversif, et expliquer leur inter-relation" [Maurice Brinton, op. Cit., P. 62].

Nous avons noté précédemment que dans les sociétés pré-patriarcale, qui reposent sur l'ordre social du communisme primitif, les enfants ont la liberté sexuelle complète et que l'idée de l'ascètisme de l'enfance se développe quand les sociétés de clan matriarcales se tournent vers le patriarcat dans la structure économique et sociale (voir la section
B.1.5). Ce profond changement dans les attitudes sociales envers la sexualité de l'enfant permet à la structure de caractère orienté de l'autorité à se dévelloper au lieu de l'ancienne non-autoritaire. la recherche Ethnologique a montré que dans les sociétés pré-patriarcales, le caractère général du travail dans la vie collective correspond à la libre sexualité des enfants et des adolescents - cela étant, il n'existe pas de règles pour contraindre les enfants et les adolescents dans des formes spécifiques de vie sexuelle, et cela crée la base psychologique pour l'intégration volontaire dans la discipline collective et volontaire au travail. Ce fait historique soutient l'idée largement répandue que des attitudes positives sur le sexe sont une condition nécessaire à la viabilité du socialisme libertaire.

La psychologie montre aussi clairement que tout obstacle à la sexualité des enfants et des adolescents par les parents, les enseignants, ou les autorités administratives doivent être arrêtés. en tant qu'anarchistes, notre meilleur moyen d'y parvenir est par l'action directe. Ainsi, il convient d'encourager les adolescents à sentir qu'ils ont toutes les chances de construire leur propre vie. Cela ne sera certainement pas un obstacle à une distraction ou à leur implication dans le mouvement anarchiste. Au contraire, si ils peuvent résoudre progressivement le problème de (par exemple) la chambre privée par eux-mêmes, ils vont travailler sur d'autres projets sociaux avec beaucoup plus de plaisir et de concentration. Car, contrairement à Freud, les psychologues Reichiens font valoir qu'au-delà d'un certain point, l'énergie sexuelle en excès ne peut pas être sublimé dans le travail ou dans toute autre activité utile, mais en fait elle perturbe le travail en faisant que la personne est agitée et sujette à des fantasmes, ce qui entrave la concentration.

En plus de s'engager dans l'action directe, les anarchistes peuvent également soutenir la protection juridique de la sexualité des enfants et des adolescents (l'abrogation de la loi malsaine sur le viol -dont il est question plus haut- serait un exemple), tout comme ils soutiennent la législation qui protège le droit des travailleurs à faire la grève, les congés familiaux, et ainsi de suite. Toutefois, comme Reich l'observe, "en aucun cas le nouvel ordre de la vie sexuelle sera établi par le décret d'une autorité centrale" [Ibid., P. 279]. Il s'agit là d'une illusion léniniste. Au contraire, il sera mis en place à partir de la base, par le processus graduel d'une plus en plus large diffusion des connaissances sur les effets personnels et les effets sociaux de la répression sexuelle, ce qui conduira à l'acceptation par les masses de l'éducation libertaire des enfants et des méthodes d'éducation.

Une société dans laquelle les gens sont capables d'une sexualité épanouie sera ceux/celles préfèrant "faire l'amour, pas la guerre", et ainsi offrant la meilleure garantie pour la sécurité générale. Ensuite, le projet anarchiste de la restructuration des systèmes économiques et politiques procéderont spontanément, sur la base d'un esprit de joie plutôt que de haine et de vengeance. Seulement alors il pourra être défendu contre les menaces réactionnaire, parce que la majorité sera du côté de la liberté et capable de l'utiliser de façon responsable, plutôt que la nostalgie, inconsciemment, pour la figure d'un père autoritaire leur disant quoi faire.

Par conséquent, la préoccupation et l'action quant à la libération sexuelle des adolescents (ou l'éducation des enfants en général ou l'éducation libertaire) est un élément clé de la lutte sociale et de changement. Elle ne peut en aucun cas être considéré comme une "distraction" vis à vis des "importantes" questions politiques et économiques que certains révolutionnaires «sérieux» aiment réclamer. Comme Martha A. Ackelsberg le note (en rapport avec le travail pratique réalisé par le groupe des Mujeres Libres pendant la révolution espagnole) :

"Respecter les enfants et bien les éduquer était d'une importance vitale pour le processus de changement révolutionnaire. L'ignorance fait des personnes particulièrement vulnérables à l'oppression et à la souffrance. Plus important encore, l'éducation préparait des personnes à la vie sociale. Des écoles Autoritaires (ou des familles), fondées sur la peur, préparaient des personnes à se soumettre à un gouvernement autoritaire [ou au sein d'un milieu de travail capitaliste]. Différentes écoles et familles seraient nécessaires pour préparer les gens à vivre dans une société sans domination" [Free Women of Spain, p. 133].

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